Amour et amitié dans les lettres médiévales

Michel ZINK
L’amitié - n°229 Septembre - Octobre 2013 - Page n° 53

L’Antiquité a chanté l’amitié. Le Moyen Âge, soucieux du sens chrétien de l’amour, en modifie la vision : troubadours et trouvères puisent à la source de la passion amoureuse. Peu à peu émergent l’amour courtois et « le roman de la rose ». Au travers des textes, ce sentiment qui englobe toutes les nuances de l’amitié à l’amour tend vers l’amitié spirituelle tournée vers « l’amitié du Christ ».

 

Achille et Patrocle. Tristan et Iseut. Le couple emblématique de l’amitié est antique. Le couple emblématique de l’amour est médiéval. Si l’on pense les civilisations à travers leur imaginaire poétique, l’amitié est du côté de l’Antiquité, l’amour du côté du Moyen Âge. Dichotomie aussi fausse, bien entendu, que l’est toute généralisation.

 

 

 

 

Il est vrai cependant que le Moyen Âge, tout en poursuivant la réflexion antique sur l’amitié, doit l’intégrer à l’idée chrétienne de l’amour. La conséquence est que, si l’Antiquité avait cherché unerencontre de l’amour et de l’amitié dans l’éros, le Moyen Âge voit la rencontre de l’amour et de l’amitié dans une vision synthétique de l’amour qui en englobe toutes les formes et qui est subordonnée à l’amour divin.

Ce qui est également vrai, c’est que le Moyen Âge a été contraint de fonder la poésie sur l’amour avant de définir l’amour à travers la poésie. Car si le mot célèbre « L’amour, cette invention du XIIe siècle1 » est excessif et galvaudé, il reste que l’amour a été au Moyen Âge la grande affaire aussi bien de la poésie que de la foi.

Pourquoi parler de la poésie et pourquoi commencer par elle ?

Parce que ce sont les questions posées à la poésie par la foi chrétienne qui l’ont contrainte, d’abord à se mettre en cause, puis à faire de l’amour son grand sujet et à entrer ainsi en résonance avec laréflexion théologique et morale sur la nature et les formes de l’amour en y incluant l’amitié. [...]

 

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1. L’expression appartient à Henri-Irénée Marrou, qui intitule ainsi un des chapitres de son livre (écrit sous le pseudonyme de Henri Davenson) : H. Davenson, Les troubadours, Paris, Seuil, 1961, pp. 96-108.


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