Créés à l’image de l’homme à venir

Le double mystère de la création de l'homme et de son salut trouve sa vraie lumière dans le Verbe incarné, à la fois image selon laquelle nous sommes créés, et homme à venir vers lequel nous tendons. C'est ce mystère qu'ont voulu manifester l'auteur de la Lettre aux Colossiens et la tradition patristique, c'est « la joie et l'espérance » que Vatican II a rappelées au monde.

Le Catéchisme de l’Église catholique, lorsqu’il parle de la création, s’appuie sur l’hymne de la lettre aux Colossiens :

Si Dieu crée avec sagesse, la création est ordonnée : « Tu as tout disposé avec mesure, nombre et poids » (Sagesse 11, 20). Créée « dans » et « par » (Colossiens 1, 16) le Verbe éternel, « image du Dieu invisible » (Colossiens 1, 15), elle est destinée, adressée à l’homme, image de Dieu, lui-même appelé à une relation personnelle avec Dieu (§ 299 ; cf. § 291).

Néanmoins, si la proposition selon laquelle Dieu a créé le monde par son Verbe éternel est confirmée par le prologue du quatrième Évangile, qui, parlant du «Verbe qui était au commencement auprès de Dieu », dit que « tout est advenu à l’être par son intermédiaire » (Jean 1, 2-3), les versets de Colossiens présentent une réalité bien plus mystérieuse. Ce n’est pas, en effet, de Dieu, sans distinction personnelle, ni du «Verbe éternel » qu’il s’agit, mais, ce qui est bien plus mystérieux, de « Notre Seigneur Jésus-Christ » (Colossiens 1, 3), « le premier-né de toute la création » (Colossiens 1, 15), c’est-à-dire le Verbe incarné, l’homme-Dieu.

Que veut donc dire l’auteur de Colossiens, lorsqu’il affirme que « tout a été créé par lui et pour lui » (Colossiens 1, 16), c’est-à-dire par le Christ, image incarnée du Dieu invisible ? Quel sens donner à l’humanité à venir du Verbe créateur ? [...]