Un examen de conscience international

P Benoît CARNIAUX
La paix - n°257 Mai - Aout 2018 - Page n° 89

Dans la pensée de Gaston Fessard, la paix, loin d’être l’abolition de toutes les frontières, se conçoit comme leur transformation en médiation vers l’universel. Ainsi la paix mondiale doit se penser à partir des frontières nationales, tout à la fois comme leur maintien et leur relativisation – ce que permet de penser la notion de subsidiarité.

 

Discerner le monde

« Examen de conscience international » : tel est le sous-titre donné par le P. Gaston Fessard, s.j. à l’un de ses premiers ouvrages, Pax nostra. Le titre annonce quant à lui quel sera le principe du discernement à poser et se réfère à la parole de saint Paul « Christ est notre paix », dans sa Lettre aux Éphésiens (2, 13-19).

Nous sommes en 1936 : la guerre civile espagnole débute, le nazisme en pleine ascension réarme l’Allemagne, le fascisme l’a précédé sur cette voie en Italie qui vient d’envahir l’Éthiopie tandis qu’en France le front populaire navigue entre réformes sociales intérieures et atermoiements extérieurs. Bientôt viendront l'Anschluss, les accords de Munich et l'invasion allemande de la Tchécoslovaquie. La mentalité populaire d’alors peut se résumer en un dilemme : pour parer à toute éventualité d’ordre martial, faut-il se préparer à la défense par les armes ou plutôt faire confiance à la « société des nations » ? Faut-il miser sur la menace de la force ou sur le respect du droit ? Il s’agit pour le jésuite de poser un discernement chrétien entre nationalisme et pacifisme. 

Au milieu d’une époque qui se déchire entre ces deux irrationalités, notre auteur prône un ordre international fondé sur l’aspiration au même désir de paix et de prospérité par des identités nationales assertives. Par la suite, le Père Fessard interviendra fréquemment dans le débat public, en aidant à discerner les motions à l’oeuvre dans ce qu’il finira par appeler « l’actualité historique ».

Cela le conduira à critiquer l’internationalisme communiste, en jetant un regard critique sur « la main tendue » aux catholiques par le secrétaire général du parti communiste français, Maurice Thorez1.  Plus tard, bien après la guerre, il ne cessera de mettre en garde les autorités ecclésiales contre la contamination de l’Action Catholique par une idéologie marxiste qui usurpe la figure messianique du Serviteur souffrant et fait éclater le caractère national de l’élection d’Israël en transférant ses caractéristiques au prolétariat. [...]

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1 Voir Gaston Fessard, Le dialogue catholique-communiste est-il possible ?, Paris, Grasset, 1937.


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