M. Etienne GILSON
La paix
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n°257
Mai - Aout
2018 - Page n° 71
Dans cette conférence (introduite par Florian Michel) prononcée en décembre 1939 à l’Université de Montréal, É. Gilson pose la question, connue depuis le XVIe siècle avec Grotius, devenue cruciale quarante ans plus tard grâce aux débats sur le droit d’ingérence, de la légitimité d’un pays à intervenir dans un conflit militaire qui n’est pas le sien, notamment face à un tyran. Critiquant vertement le « Neutralisme » de certains catholiques américains, É. Gilson pose la question de la légitimité – et de la nécessité – de l’intervention des USA dans le conflit entre la France et l’Allemagne nazie, en réactualisant la théologie augustinienne de la justa pax.
Introduction
La conférence intitulée « L’Europe et la paix », prononcée par Étienne Gilson le 9 décembre 1939 à l’Université de Montréal, n’a guère besoin d’une longue introduction. Son objet est net ; le style est clair ; la justesse de l’analyse, avec le recul de l’histoire, est évidente voire, par certains accents, prémonitoire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Gilson, mandaté par le Ministère des Affaires étrangères, donne une centaine d’articles et de conférences pour présenter au public nord-américain la position de la France. Dans la conférence de 1939 ici publiée, le philosophe, auteur d’une Introduction à l’étude de saint Augustin (Vrin, 1929), défend cette position à partir de la théologie augustinienne de la « juste paix », qui lui permet de critiquer le « pacifisme élémentaire » d’un grand nombre de catholiques américains dont la presse catholique américaine, farouchement neutraliste, se fait l’écho. À la suite de saint Augustin, Gilson soutient que la paix, indissociable de la justice et donc de la charité, relève d’une conquête, qui peut inclure la guerre dans sa trajectoire pour parvenir à sa restauration comme « tranquillité de l’ordre ».
Dans la première biographie politique et intellectuelle en français de Gilson qui vient de paraître chez Vrin (mars 2018), on trouve de nombreux éléments pour caractériser le rapport du philosophe à la paix. Ancien combattant de Verdun, prisonnier en Allemagne pendant presque trois ans, il lit dans les tranchées et les baraquements L’imitation de Notre Seigneur Jésus Christ et les oeuvres de saint Bonaventure. Dans le fil des Béatitudes, l’auteur de L’imitation rappelle que la paix doit rester l’objet de la volonté, son principe et sa fin : « Conservez-vous premièrement dans la paix, et alors vous pourrez la donner aux autres. Le pacifique est plus utile que le savant ». En 1942, Gilson affirme quant à lui, à la suite du poète Prudence, que « Dieu veut l’unité du genre humain » et que « la religion du Christ demande d’être fondée sur la paix sociale et l’amitié entre les peuples2 ».
Les éditions Vrin ont également entrepris la publication des oeuvres complètes de Gilson. Ce travail de longue haleine rassemble une équipe de chercheurs. [...]
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1 Étienne Gilson, « L’Europe et la paix », Revue trimestrielle canadienne, Montréal, Université de Montréal, 1940, n° 26, p. 27-43. Les notes sont de l’auteur. Conférence faite au Cercle Universitaire de Montréal, le 9 décembre 1939. Nous remercions Florian Michel de nous avoir transmis ce texte capital.
2 Étienne Gilson, « Sagesse et société », Témoignages, Abbaye de la Pierre-qui-vire, 1942, n°1, p. 39-40.
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