L'Eglise de Rome et les origines du presbytérat

Mgr. Stefan HEID
L'identité sacerdotale - n°267 Janvier - Février 2020 - Page n° 40

Les plus anciens textes de l’Église de Rome (les Épîtres de Clément, de Pierre et aux Hébreux) reconnaissent comme voulu par Dieu et par les apôtres un ministère des épiscopes-presbytres et des diacres, auxquels revient la direction de l'Église locale.

 

Dans l’historiographie, il est courant de considérer les ministères ecclésiastiques comme les produits contingents des divers christianismes, comme des structures fonctionnelles et variables ; leurs titulaires font figure de « charismatiques » ou de « fonctionnaires ». Cette conception moderne d’une pluralité n’est exacte que jusqu’à un certain point. Il y a cependant, et sans aucun doute, depuis le IIe siècle, dans chaque Église locale, trois ministères et ce, selon une continuité institutionnelle et un consensus ecclésial universel : le presbytérat et l’épiscopat qui lui est étroitement associé, et le diaconat.

La Première Épître de Clément

En raison notamment de leur pragmatisme, les chrétiens de Rome sont les premiers, à l’occasion d’une grave crise dans la communauté de Corinthe, à élaborer une réflexion sur le ministère et à la mettre par écrit dans la Première Épître de Clément1. La recherche historico-critique l’estimait plutôt tardive, autour de l’année 130, mais c’est plutôt vers l’an 100 qu’elle est datée généralement (dernièrement, avec de solides arguments, on la date même vers 70). C’est une vraie lettre, adressée par « l’Église de Dieu qui se trouve à Rome » à « l’Église de Dieu qui se trouve à Corinthe » (début2). L’auteur peut tout à fait avoir été un presbytre romain (du nom de Clément), ayant encore connu personnellement les Apôtres3. Quoi qu’il en soit, l’Épître se situe si près de l’âge apostolique que son image du ministère ne peut pas être étrangère à l’Évangile ni au « catholicisme primitif » (Frühkatholizismus).

Elle ne représente d’ailleurs pas une vision uniquement romaine car elle connut aussitôt, manifestement bien au-delà de Rome, un accueil favorable. À l’époque, la situation de l’Église est la suivante : il n’y a d’églises domestiques ni à Rome ni à Corinthe4. [...]

 

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1 L’inauthenticité de la Seconde Épître est déjà reconnue par Jérôme (NdE).

2 Sur la liturgie de Corinthe, voir Heid 2019, pp. 42-46 ; important, Wagner 2011, pp. 217-241, malgré la mention inutile des “églises domestiques”.

3 Irénée, Adv. Haer. 3, 3, 3 ; Wagner 2011, pp. 231 sv. Pour la datation haute de l’Épître, voir Pflock, RQ,114, 2019. Pour le séjour romain de l’Apôtre, voir  Heid 2011.

4 Sinon il aurait dû être question dans 1 Clément 44, 5 du déplacement des presbytres de leur « lieu », autrement dit de leurs « églises domestiques ». 1 Clément ne contient aucun indice d’ « église domestique » ; il semble bien qu’il s’agisse en général d’un mythe historiographique : Heid 2019a, pp. 69-85. Pour Rome, ibid., pp. 126-144 ; Heid 2019b.


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