Les laïcs dans les premiers siècles de l'Église

 

« IL reste aux laïcs l'obligation d'obéir, non l'autorité de commander ». Ainsi s'exprimait l'un des plus grands papes du Moyen Age, bon juriste de surcroît, Innocent III lors du Concile œcuménique tenu au Latran en novembre 1215 (c.44), Quelque trois-quarts de siècle plus tôt, une Collection de décisions canoniques qui servait en fait de Code à l'Église latine, connue sous le nom de « Décret de Gratien », reproduisait un texte, d'origine inconnue, mais qui traduisait bien la mentalité de l'époque, affirmant qu'il y avait « deux genres de Chrétiens », les clercs et les laïcs... « A ceux-ci il est permis d'avoir des biens... il leur est concédé de se marier, de cultiver la terre, d'être juge, avocat, de déposer leur offrande sur les autels, de payer la dîme; ainsi pourront-ils être sauvés, si du moins, en faisant le bien, ils évitent de commettre des fautes » (cause 12, quaestio 1, c.7). Cette image, quelque peu schématique et simplifiée, n'est cependant pas fausse. Une dualité fondamentale s'est peu à peu inscrite dans la société chrétienne. Qu'en était-il dans les premiers siècles de son histoire ? C'est ce que l'on voudrait rechercher ici (1). LE mot de « laïc » est d'origine grecque. Le « laos » c'est le peuple. Dans les papyrus d'époque hellénistique, dans les traductions grecques faites au II e siècle (2) de textes bibliques, « laicos » est employé comme adjectif pour qualifier...