Pour un sens chrétien de la mort

M. Rémi BRAGUE
Mourir - n°2 Novembre - Décembre 1975 - Page n° 9

La mort est l'échec de la relation personnelle. Elle révèle la finitude de la communication des personnes. La mort est l'image en creux d'une communication sans limite.

La première page, 9, est jointe.Le texte complet est disponible en pdf pour appuyer "MOURIR" de septembre-octobre 2012"

1. Mort et communication.

   Quelle que soit la définition biologique de la mort, celle‑ci reste toujours, pour nous, le moment où l'impossibilité de communiquer avec le disparu devient irrévocable. On ne peut plus parler avec les morts, ni agir avec eux, ni se sentir en accord avec eux. Personne ne peut les trouver ou les saisir. Ou alors, on n'en saisit qu'une ombre qui se laisse faire sans défense : nous nous les représentons, leur image reste dans notre mémoire, mais combien imprécise ! Le pire est que leur existence semble dépendre totalement de nous et de notre mémoire vacillante. Que leur souvenir soit prestigieux ou défiguré par notre ingratitude, dans tous les cas ils n'existent que passivement, jamais activement, Le disparu peut, dans le meilleur des cas, apparaître libéré des mesquineries qui le rapetissaient, mais ce n'est plus celui que nous connaissions. Car il n'en a plus la liberté. Ce qui fait de nous des personnes,  c'est la liberté, la liberté de choisir, au moins partiellement, le genre de rapport amour, haine, indifférence même ‑ que nous voulons entretenir avec autrui. Le mort n'a plus qu'une liberté purement négative, celle de ne plus pouvoir être manipulé. La mort est donc l'échec de la relation personnelle.

 

  La mort ne met pas seulement un point final à la communication entre les personnes. Elle en révèle la finitude, dont elle n'est nullement la cause. C'est juste au moment où meurt celui que nous aimions que nous nous apercevons que nous ne l'avons pas assez aimé, que nous aurions pu et dû l'aimer davantage. La séparation définitive, parce qu'elle est absolue, contient l'exigence d'une communication absolue. C'est la mort qui nous oblige à imaginer ce que pourrait être une communication parfaitement réussie, alors que justement elle nous en refuse toute possibilité. La mort est l'image en creux d'une communication sans limite.

 

2. Nature et style.

  La mort dont nous faisons l'expérience ne fait pas de celui que nous voyons mourir une personne. Au contraire, elle le change ‑ au premier abord ‑ en chose. En

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