L'humble autorité du Père

Le monde créé dépend de Dieu qui lui donne sa liberté, car la création reproduit le don de Dieu à lui même, de Père à Fils.

La première page, 15, est jointe.

JE crois en Dieu le Père... », ainsi commence le symbole des apôtres, par lequel les chrétiens confessent leur foi. Dieu est notre Père, le Père du Fils, celui de toute créature. Mais le mot de « père » a mauvaise presse : la paternité est en crise au niveau de la famille comme de la société, la notion de père subit les assauts des psychologues et des sociologues. Si ce Père est « créateur du ciel et de la terre », la création ne sera t elle pas réduite à l'état de mineure sans espoir d'émancipation, de devenir privé de son innocence, de production aliénée à un divin capital ? Or, nous n'avons pas d'autre mot à mettre à la place de « père ». Mais savons nous au juste, avant de proclamer le « meurtre du père », ce que c'est qu'un père ?

1. L'autorité de l'amour

 Pour détruire le mythe moderne de la « mort du père », il faut se remettre à l'écoute du mot « père ». La racine indo européenne pitar renvoie à l'idée de nourrir, de faire croître. Le latin auctoritas vient de augere, multiplier. L'auctoritas donne consistance, promeut, favorise, autorise. L'autorité du père consiste à faire se développer et s'épanouir l'existence qu'il a produite. Plus celle ci reconnaît cette promotion d'elle même, plus elle en est reconnaissante, plus profonde est la libération qui l'engage en soi même.

On tire ainsi au clair, pour la dissiper, la fausse interprétation de la liberté, qui l'oppose au fait de devoir son être d'un autre que soi, comme si ce qui me fait vivre était l'inaccessible propriété d'un autre qui m'empêche d'« être moi même ». Non, le fils ne devient pas soi même en (p.15)

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 Ferdinand ULRICH