Du bon usage de la maladie selon les Pères.

Jean-claude LARCHET
La Maladie - n°133 Septembre - Octobre 1997 - Page n° 17

Selon les Pères, la maladie peut, paradoxalement, être considérée comme un bien supérieur à la santé : par la patience et l'action de grâce, elle peut constituer l'une des formes les plus élevées d'ascèse et une véritable voie spirituelle.

L'ambivalence de la maladie

Considérée d'un point de vue spirituel, la santé, selon beau-coup de Pères, fait partie des choses « indifférentes », c'est-à-dire qui ne sont en elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises, mais, « selon les dispositions de celui qui en use, peuvent profiter indifféremment soit au bien, soit au mal » (saint Jean Cassien).

Il est vrai que la santé physique correspond à l'état originel et normal de la nature humaine, celui de sa condition paradisiaque, et qu'elle peut, pour cette raison, être considérée comme un bien en elle-même, note Maxime le Confesseur, qui fait remarquer que, cependant, d'un autre point de vue, elle ne sert de rien à l'homme, ne constitue pas pour lui un véritable bien, si elle n'est pas bien utilisée, c'est-à-dire si elle n'est pas utilisée en vue du Bien, à accomplir les commandements du Christ et à glorifier Dieu. C'est dans la même perspective que saint Basile de Césarée écrit : « La santé, en tant qu'elle ne rend pas bons ceux chez qui elle se trouve, ne fait pas partie des choses bonnes par nature. » Elle constitue même un mal si elle sert à l'homme à pécher ou à s'adonner aux passions mauvaises.

De la même façon, la maladie est appréhendée par les Pères comme un mal dans la mesure où elle apparaît comme une conséquence du péché d'Adam, comme un effet de l'action démoniaque dans le monde déchu, et comme opposée à l'ordre voulu par Dieu lorsqu'il créa le monde et l'homme. Cependant, c'est seulement au plan de la nature physique, du corps, qu'elle est un mal. Si l'homme ne s'abandonne pas au péché dans la maladie et si à l'occasion de celle-ci il ne s'éloigne pas de Dieu, elle ne peut pas, d'un point de vue spirituel, être considérée comme un mal pour lui. « Si l'âme se porte bien, la maladie du corps ne peut causer aucun dommage à l'homme », note saint Jean Chrysostome. Elle n' est donc, remarque-t-il avec d'autres Pères, un mal qu'en apparence, et elle peut même constituer un bien pour l'homme dans la mesure où il est susceptible, s'il s'en sert bien, d'en tirer de grands bénéfices spirituels, faisant ainsi de ce qui était primitivement le signe de sa perte un instrument de son salut. C'est en fonction de telles considérations que saint Grégoire de Naziance conseille : « N'admirons pas toute espèce de santé et n'abominons pas toute maladie. »

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