Marie-Françoise BASLEZ
Habiter
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n°173
Mai - Juin
2004 - Page n° 51
Alors que dans les sociétés antiques, les « deux cités », religieuses et politiques, se confondent, les premiers chrétiens doivent se situer par rapport au monde, s'y engager ou s'en retirer. Avec Paul, le christianisme, dans son universalité, doit « habiter » le monde, ici et maintenant, en pénétrant « par capillarité » le tissu social de la cité romaine à partir du noyau familial de la « maisonnée. »
Réfléchir sur la manière dont le peuple de la Bible et les croyants d’aujourd’hui ont habité et habitent le monde conduit certainement à analyser les rapports qu’établirent les premiers chrétiens avec la cité et l’Empire aux Ier et IIe siècles.
Engagement ou retraite ? un choix décisif
Ce choix n’était pas si simple. L’alternative agitait les Juifs croyants depuis plus de trois siècles, après qu’lsraël eut perdu toute indépendance et que leur Loi eut été mise à l’épreuve dans un État et dans une civilisation qui ne partageaient pas leur conception d’un dieu transcendant. L’histoire du judaïsme judéen dans les deux derniers siècles qui précédèrent la prédication de l’évangile est faite de séparations successives, comme l’a bien relevé Pierre Vidal-Naquet. Il y eut celle des Pieux (les Hassidim) devant l’hellénisation de Jérusalem dans les années 170, celle de Judas Maccabée et de ses partisans, qui partirent mener une vie d’ascèse au désert avant d’entrer en résistance ouverte contre la domination grecque, celle des Pharisiens (pérushim ou Séparés) pour protester contre les compromis de l’État hasmonéen à la fin du IIe siècle, celle des fidèles du Maître de Justice de Qumrân sans doute dans le même contexte, celle des mouvements baptistes et des groupes du désert, si nombreux à l’époque de Jésus... [...]
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