Les migrations et mobilités : défis pour les Églises chrétiennes

Exode rural vers les villes, instabilité des « résidents, choc des cultures et des croyances lié à l'immigration, autant de problèmes, voire de conflits, auxquels l'église en général, mais surtout les paroisses (confrontées elles-mêmes à la crise des vocations) doivent répondre. Il existe, sur le terrain, quantités d'expériences qui nous interdisent de céder au pessimisme.

Gabriel Le Bras provoquait en écrivant : « je suis convaincu, que sur cent ruraux qui s’établissent à Paris, il y en a à peu près quatre-vingt-dix qui, au sortir de la gare Montparnasse, cessent d’être des pratiquants... » Cette expression confirmée par les enquêtes du chanoine Boulard montre que le XXe siècle correspond en France, et sans doute dans beaucoup de pays chrétiens, à une situation nouvelle introduite par les mouvements migratoires. Ce fut l’exode rural qui marqua l’Europe entre 1860 et 1970, toucha le Canada, après la Seconde Guerre mondiale, et aujourd’hui l’Amérique latine, l’Afrique noire anglophone et francophone, voire les Philippines, territoires chrétiens, catholiques, protestants mais aussi orthodoxes, (en Europe orientale et balkanique et Russie occidentale). Si l’exode rural est aujourd’hui achevé dans l’ancien monde chrétien, la mobilité résidentielle et les migrations internes urbaines entraînent à la fois des déplacements quotidiens et des déménagements, à l’intérieur de l’espace urbain, et entre départements, régions, provinces, cantons selon la terminologie. Originelles ou récentes, les migrations internationales entraînent mouvements et redistributions. Si la ville est, sous toutes les latitudes, la destination obligée de ce flux, l’échelle locale fournit le meilleur cadre de lecture de ces juxtapositions, cohabitations et parfois confrontations. Les réponses chrétiennes sont toujours à imaginer. Traditionnellement novatrices, les migrations restent un défi face à ce renouvellement majeur du paysage religieux initié par ces déplacements. [...]