Le divin et l’humain dans la Transfiguration de Raphaël

On a beaucoup commenté la Transfiguration de Raphaël, à cause de sa construction en deux parties inégales et opposées entre lesquelles il semblait n'exister aucun lien. Mais, si l'on tient compte des circonstances historiques de l'époque et si on applique à la lecture une méthode théologique, l'unité entre les deux parties devient évidente, tout en révélant la richesse de la réflexion préalable.

La transfiguration du Christ compte dans les arts plastiques parmi les sujets « difficiles ». À Byzance, où la fête de la transfiguration était une des douze fêtes liturgiques principales depuis l’antiquité tardive, s’est rapidement imposé un modèle particulier de représentation reproduit dès lors sans interruption. Mais il n’en va pas de même dans l’art occidental, du moins après le Moyen Âge. À cause des exigences imposées par le thème aux moyens d’expression artistique, on a atteint rapidement les limites du représentable. On avait de toute évidence moins peur de représenter le corps du ressuscité que de trouver une forme de représentation convaincante pour ce processus passager qu’est la transfiguration. A priori, la voix venant du ciel et le corps entièrement lumineux du transfiguré excluent la représentation imagée. De même le style lapidaire du récit – qui, contrairement à la plupart des scènes de la vie de Jésus, prend ici un ton vétérotestamentaire – permet peu de développements narratifs. On a cependant régulièrement tenté de relever le défi au moyen de techniques éprouvées de la peinture historique. Mais même des créateurs incontestés ont échoué lorsqu’ils ont voulu se rendre maîtres du caractère indescriptible de la scène, qui a complètement « dépassé » les apôtres eux-mêmes, et représenter cette vision que les apôtres eux-mêmes n’ont pas supportée. Les tableaux significatifs de la transfiguration appartenant à l’époque moderne manquent la plupart du temps d’une thématique vraiment pénétrante. [...]

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