L'intégrité de la personne et l'authenticité de la sexualité

Michel NODÉ-LANGLOIS
Au fond de la morale - n°12 Juillet - Aout 1977 - Page n° 56

Les polémiques contre le prétendu rigorisme de l'enseignement ordinaire de l'Eglise en matière de morale sexuelle ignorent qu'il s'agit là, en fait, des conditions de l'authenticité du don réciproque des personnes. En ce sens, seule l'église respecte la sexualité proprement humaine.

 

La déclaration Persona humana « sur certaines questions d'éthique sexuel- le » (publiée le 16 janvier 1976 ; cf. Documentation catholique du ler févier 1976, n° 1691) a réveillé un préjugé à l'égard de la conception catholique de la sexualité, auquel l'encyclique Humanae Vitae s'était déjà heurtée. Nous en emprunterons la formulation à un rapport de la Commission française « Justice et Paix », d'un an à peine antérieur à la déclaration : « L'interdiction de la contraception semble liée, de fait, à une conception de l'acte sexuel privilégiant sa fonction procréatrice, alors qu'il apparaît d'abord... comme l'expression de la reconnaissance réciproque des époux » (« Problèmes de population et conscience chrétienne », publié dans la Documentation catholique du 20 avril 1975, n° 1674). Il est vrai que, dans la tradition catholique, la procréation et d'éducation des enfants sont tenues pour la fin première du mariage, distinguée des fins secondes, à savoir l'accroissement du corps ecclésial, le soutien mutuel, l'amour mutuel, et « le remède à la concupiscence », c'est-à-dire la maîtrise de soi.

Le préjugé plus haut cité renferme en fait une confusion entre la x reconnaissance réciproque A et certaines parmi les fins secondes du mariage. Un examen point trop superficiel de la tradition catholique montre que, pour elle, l'acte sexuel est de soi l'expression de cette reconnaissance (autrement nommée consensus), à condition qu'elle existe vraiment. Saint Thomas d'Aquin n'enseignait-il pas (cf. Supplément à la Somme de Théologie, question 46, article 2) que lorsque deux fiancés — deux êtres qui ont promis de se donner l'un à l'autre pour toujours — accomplissent l'acte sexuel, celui-ci effectue leur mariage pourvu que leur consentement intérieur à l'union définitive soit réel. Cet acte a ainsi, lorsqu'il s'agit de baptisés, une valeur sacramentelle, même si c'est en soi une faute de l'accomplir clandestinement. L'acte sexuel est donc condamné, comme (p.56) fornication, non pas du tout lorsqu'il n'est pas procréateur, mais lorsqu'il n'est pas un véritable don réciproque de ceux qui l'accomplissent. Non seulement, par conséquent, il présuppose et exprime leur « reconnaissance réciproque », mais celle-ci, loin de se réduire à une réalité psychologique, est douée d'une existence surnaturelle.

Mais comment faut-il comprendre cette « reconnaissance réciproque » ? Il semble qu'elle consiste pour chacun des époux à reconnaître ce qu'est et qui est l'autre, et à l'aimer comme tel. C'est précisément pourquoi l'Église catholique enseigne que cette « reconnaissance » ne peut pas considérer seulement les vœux et désirs subjectifs de chacun, mais aussi et d'abord la réalité objective qui le constitue, à savoir les lois et la finalité propres de son organisme. Si un homme, en tant qu'homme, est régi par une norme qui le fait être ce qu'il est distinctement de toute autre chose, la « reconnaissance » des époux sera un leurre, si elle n'est pas en même temps « reconnaissance » de cette norme.

C'est ici qu'intervient le concept de nature. [...]

 

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