Il a effacé l'écriture de notre dette ». Remarques sur le statut de la littérature chrétienne.

Après l'échec de la «littérature» qui traduit celui de la domination de la subjectivité, puis celui de l'« écriture » incapable de sortir de sa clôture sur soi, qui pourrait sauver la présence immédiate des choses ? Seule une écriture crucifiée, raturée par la Croix.

La littérature ne sauve pas et ne justifie pas. Or, de la littérature, nous n'attendons rien d'autre qu'un salut. Et sous sa figure la plus hautaine, chez un Baudelaire ou un Mallarmé, elle s'offre à sauver dans sa présence ce qui se
manifeste. Mais la plénitude proposée arrache à l'espace et au temps la chose singulière éprouvée, pour la déposer dans un écrin verbal, et c'est l'absente de tout bouquet. Il n'est plus sûr alors qu'un salut vienne aux essences nommées, s'il n'échoit d'abord à la parole qui les dit.

L'acte d'écrire comporte-t-il en lui-même une dignité suffisant à fonder sa propre raison d'être ? L'oeuvre recèle-t-elle un salut offert à qui la reçoit ? Et si tel n'est pas son statut, qui pourrait sauver la littérature ?

Il s'agit ici, plutôt que de mettre fin à la question que chaque oeuvre s'efforce de poser et de résoudre par ses voies les plus propres, de parcourir une difficulté, de traverser une aporie. Comment pourrait-il en aller autrement, si c'est par le discours même que nous nous enquérons des conditions obscures de toute parole, et que nous nous affrontons aux figures de l'origine ?

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