Thierry BERT

Société humaine instituée par le Christ, l'Église peut se prêter à une analyse en termes politiques, tout en étant une réalité transpoli­tique. Le bien commun qu'elle vise n'est autre que le salut du monde ; elle est un peuple limité en son histoire ; elle n'en est pas moins universelle. Elle dépasse les dialectiques du commandement et de l'obéissance, de l'ami et de l'ennemi, du privé et du public. Ainsi, l'Église, avenir du monde, est sans avenir politique : sa seule fin, c'est le Christ, auquel elle se conforme (martyre) et qu'elle annonce inlassablement (mission), jusqu'à la conversion eschatolo­gique des nations.

Église, où est ton pouvoir ?

AU nombre des feuilles mortes qui, comme on le sait, se ramassent à la pelle en ce vingtième siècle vieillissant, se trouve, en bonne place, l'illusion politique : il devient patent que le monde a d'énormes difficultés à régler ses pro- blèmes, et que les États ont du mal à expliquer à leurs opinions respectives leur paralysie devant des situations moins scandaleuses.

Cette paralysie n'est pas nouvelle. Ce qui le devient de plus en plus, c'est l'audience que lui donnent les moyens modernes d'information, qui, en amplifiant le phénomène, constituent de plus en plus un quatrième pouvoir, d'une intensité très forte et parfaitement déstabilisante pour les trois pouvoirs traditionnels : quel est le pouvoir exécutif, quel est le juge, quelle est l'assemblée représentative, quelles que soient les formes constitutives que revêtent ces instances, qui n'aient jamais eu à subir les contrecoups d'une campagne mondiale d'information ? Les images font choc. Du côté du politique, il n'apparaît que guerres, tortures et famines ; on s'indigne du bâillonnement des droits d'expression les plus élémentaires ; périodiquement éclatent des scandales de détournement d'aides internationales ; de manière plus terne, mais non moins irritante, la vieille Europe s'empêtre dans des divergences que l'opinion juge byzantines, sans que l'absence de tels conflits en sa partie orientale, notamment soviétique ou apparentée, apparaisse comme un signe probant d'éclatante vitalité.

En face, d'autres images : le visage de la mère Térésa de Calcutta ; celui de l'abbé Pierre ; celui de Lech Walesa ; et celui du Pape, qui déplace des foules affamées et, de toute évidence , en constitue le plus ferme espoir.

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