La Madeleine au pied de la croix

Dominique PONNAU
La prière du chrétien - n°60 Juillet - Aout 1985 - Page n° 128

Ce tableau très pur, très simple, très profond est un témoignage exceptionnel non seulement du génie de l'artiste mais de la foi de l'Eglise en France au XVIIe siècle. Il n'a pu être peint que dans la prière. A tous ceux qui aujourd'hui le regardent, croyants ou incroyants, au Musée de Saint-Denis, il propose la foi en l'homme transfiguré par l'amour.

Cet admirable tableau de La Hyre, l'un des peintres les plus importants du XVIIe siècle français, est une acquisition récente du Musée d'Art et d'Histoire de Saint Denis et l'un des chefs d'œuvre de la peinture du grand siècle. Il l'est du point de vue purement esthétique et théologique. Il l'est de par l'accord musical parfait entre la forme et son sens. Le Christ en croix est ici contemplé par Marie-Madeleine. Ils sont seuls. La Croix se dresse sur un ciel grevé de nuages noirs au bas desquels se devine, presque fondue, Jérusalem. Marie-Madeleine est assise. Elle ne se lamente pas. Elle prie. Son visage tourné vers le Christ, son front lumineux, son pur profil, son expression où s'équilibrent, en une merveilleuse intelligence de la contemplation, la tension vers les hauteurs et la sérénité de l'âme, en témoignent, et ses mains jointes. Le Christ, radieux, tendu aussi, lui aussi transcendant la douleur, regarde au-dessus de lui, vers le Père. La lumière dont son corps rayonne et les lambeaux d'azur dont le ciel sombre s'éclaircit, font sentir que les ténèbres déjà vaincues en Christ seront chassées du monde. Marie-Madeleine ainsi contemple Jésus qui contemple le Père. Et cette union se contemple dans l'Esprit. Nous sommes au coeur du mystère de la Trinité. Les bras cloués du Christ forment un V de victoire qu'en bas soulignent la poutre sur laquelle s'appuie la femme — poutre à laquelle fut attaché le bon larron — et le tronc d'arbre creux, arbre du péché et de la mort, que remplace la croix, arbre de vie sur lequel resplendit la Vie. En ces deux V de la victoire la terre et le ciel s'unissent et déjà la terre proclame, comme la liturgie de la nuit pascale : "Heureuse faute, qui nous a valu un si grand Rédempteur".

C'est que cette scène de crucifixion anticipe la Résurrection et parti­cipe à sa gloire. Le regard de Marie-Madeleine vers le Fils et le regard du Fils vers le Père nous font entendre la parole que Jésus ressuscité dira à son amie dans le jardin : "ne me touche pas, mais va dire à mes frères que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". Marie-Madeleine ici en effet, c'est l'Eglise qui contemple en son chef crucifié et ressuscité le mystère d'union entre le Fils et le Père et le mystère de participation de l'humanité à la vie divine.

 


Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
11.75€ 2.10% 12.00€ 3

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
L'humilité selon Saint Bernard - pdf 3.92€ 2.10% 4.00€ Ajouter au panier
La prière du chrétien - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger