La plus petite des trois théologales*

Espérer, c'est accueillir l'espérance même de Dieu ; aussi l'espérance chrétienne est-elle la qualité de l'amour (ce qui implique qu'on ne peut penser vraiment le péché, qui est séparation d'avec Dieu, sans l'Enfer, qui est abandon).

* Pour une meilleure compréhension de cet article, on lira, ou on relira, avec profit, l'article de Hans-Urs von Balthasar, « Les vertus théologales sont une », Communio IX. 4, « l'espérance ».

L 'ESPERANCE chrétienne est une qualité de l'amour; elle en est même la qualité. Aimer Dieu pour lui-même, c'est, en contemplant l'amour qu'il est en lui-même et qu'il nous donne gratuitement, ne pas trouver d'appui en ses propres forces pour se sauver, pour l'aimer, mais s'en remettre à lui, s'abandonner à lui, attendre tout uniquement de lui. C'est, en d'autres termes, espérer Dieu de Dieu même. Tel est l'acte d'espérance. En ce sens précis, l'amour, parce qu'il est désintéressé et en ce qu'il l'est, espère. Une telle espérance est théologale(1) : elle est en l'homme parce qu'elle est d'abord en Dieu. En sa vie intime, Dieu aime : le Père aime le Fils en lui-même. Il espère tout de lui et pour lui : il met en lui sa complaisance. On peut donc appeler espérance cette complaisance du Père pour le Fils. Le Fils aime le Père en retour. Il reçoit tout de lui et pour lui. Il n'a d'autre but comme d'autre origine que la gloire de son Père. On peut donc dire qu'il espère la gloire de son Père et appeler espérance la glorification du Père par le Fils. L'Esprit Saint, qui procède du Père et du Fils, est en personne cet amour mutuel du Père pour le Fils en l'étant lui-même et il connaît la...

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