S’en aller, pour venir de nouveau - Le mystère de Pâques selon le premier discours d’adieu dans l’Évangile de Jean

Comment saisir le sens du départ du Fils vers le Père, pour ceux qui n’ont pas connu Jésus ? Comment garder la foi s’il n’est plus là ? Les discours d’adieu, en particulier le premier (Jean 13, 31 – 14, 31), ont pour but de répondre à de telles questions. Si les difficultés de croire n’y sont pas occultées, la réponse se trouve en Jésus qui se rend présent – en tant que  λογοσ dans l’aujourd’hui des croyants.

1. L’Envoyé qui s’en va

«Je suis sorti d’auprès du Père et je suis venu dans le monde. Je quitte de nouveau le monde et je vais vers le Père » (Jean 16, 28). Ces paroles que Jésus, selon l’Évangile de Jean, prononce lorsqu’il a réuni les siens autour de lui avant l’heure de sa Passion, sont un admirable condensé de christologie johannique : pour approcher le mystère de la personne « Jésus », il faut insérer son parcours terrestre dans une vision plus large, qui comprend un avant et un après de sa présence historique dans le monde.

C’est précisément une compréhension uniquement profane de l’événement Jésus, qui aveugle ses disciples et ses adversaires. Parce qu’ils ne comprennent pas d’où il vient, beaucoup se scandalisent. Ainsi, à Jésus qui affi rme être le pain descendu du Ciel, les Juifs rétorquent : « Celui-ci, n’est-il pas Jésus, le fi ls de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du Ciel ? » (Jean 6, 42). L’identité de Jésus ne se laisse donc saisir que par ceux qui reconnaissent son origine divine. Le lecteur de l’Évangile est en ce sens avantagé par rapport aux personnages du récit, puisque dès le prologue (Jean 1, 1-18), il sait que l’homme Jésus n’est autre  que le Verbe, c’est-à-dire la Parole de Dieu qui est venue habiter parmi les hommes, le Logos incarné. Cette origine et cette venue établissent Jésus non seulement comme l’unique Révélateur du Père, mais également comme son Envoyé. Pour comprendre la signification de cette fonction, il convient de replacer le concept d’« envoyé » dans le contexte de son époque. Une des lois fondamentales du droit de la représentation dans la Halakha affirme: [...]

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