« Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice" »
(Matthieu 5,10)
1. Caractère limité des expériences vécues
par les premiers chrétiens
La persécution est un thème d'actualité dans le Nouveau
Testament. Dans les Actes des Apôtres (8, 1) il est question
d'une «grande persécution » qui « s'abattit ce jour-là (le jour du
martyre d'Etienne) sur l'Église de Jérusalem ». Persécution et
exil étaient le sort de la jeune communauté chrétienne, et plus
précisément (Actes 8) des judéo-chrétiens de langue grecque
regroupés autour d'Etienne vers les années 33-34. Paul, qui
d'abord « persécutait à l'excès l'Église de Dieu » (Galates 1, 13)
est devenu, une fois converti au christianisme, « apôtre à l'appel
de Dieu » (Romains 1, 1) entraîné dans la vague de persécutions
à laquelle les chrétiens étaient exposés dès les premiers
temps, notamment de la part des Juifs, tout particulièrement à
cause du succès de leur activité missionnaire parmi les Juifs et
les païens (1). Ces premières expériences de la persécution dont
l'étendue et l'intensité restèrent limitées furent dépassées lorsqu'intervinrent,
dans la deuxième moitié du premier siècle, en
plein développement du christianisme, de nouvelles violences
d'un caractère différent.
C'est surtout la Première lettre de Pierre qui révèle une situation
dans laquelle les communautés chrétiennes ont à subir différentes
embûches ayant en partie un caractère politique. D'après
cette lettre (4, 12) les souffrances s'abattent sur les communautés
chrétiennes « comme une fournaise ». Ce sont des souffrances
qui « sont infligées à leurs frères dans le monde entier »
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