Monsieur Jean DUCHESNE
Bienheureux persécutés
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n°70
Mars - Avril
1987 - Page n° 78
Pas plus que dans n'importe quelle autre livraison de Communio, et quel que soit le thème du numéro, les articles d'« attestation » qui précèdent ne sont censés constituer un panorama exhaustif. Il s'agit simplement de témoignages disponibles. Pour être moins incomplets, procédons à un rapide tour d'horizon — et sans prétendre, bien sûr, ne rien oublier.
D'abord les modes actuels ("classiques" et modernes) de persécution : il n'y a évidemment pas que les expulsions de missionnaires, enlèvements, arrestations, séquestrations, tortures et assassinats. Il y a aussi toutes les entraves à la liberté religieuse : fermeture d'églises et de couvents, restriction aux activités caritatives et d'enseignement, à la formation et à l'ordination de prêtres, à la prédication, à la diffusion de l'Écriture, à la pratique des sacrements et à toute confession publique, voire privée, de la foi. Il y a aussi la propagande anti-religieuse, la tentation du mensonge, de la compromission et de la division. Il y a encore tous les obstacles que peut dresser contre l'exercice de la foi une société qui se veut pourtant libérale, et même les souffrances qui peuvent être infligées au nom de l'Église, sans compter celles que les chrétiens divisés s'imposent entre eux.
Les motifs de persécution sont aujourd'hui plus nombreux que jamais. Il faut citer en premier. lieu le totalitarisme marxiste et un certain fanatisme musulman (les deux étant parfois conjugués). Et puis les nationalismes et les racismes sous toutes leurs formes, qui récusent parfois violemment l'universalité de la foi chrétienne. Et encore les guerres civiles et internationales où les chrétiens se trouvent d'un seul côté. Il y a aussi l'intolérance d'autres religions (l'islam n'a en l'occurrence aucun monopole), le cas particulier, d'un point de vue chrétien, de l'antisémitisme et le laïcisme le plus souvent implicite qui, dans les pays riches du moins, tend à ridiculiser toute démarche religieuse. Il faut ajouter que la situation varie considérablement suivant que les chrétiens sont localement majoritaires, constituent une minorité non-négligeable ou sont quasiment marginaux.
Si l'on en vient à la géographie, on constate que pratiquement aucune région du globe n'est épargnée.
En Europe de l'Ouest (et aussi en Amérique du Nord, à un degré moindre), la déchristianisation partielle des sociétés dans une période «post-révolutionnaire» prend surtout la forme de législations qui n'ai¬dent aucunement à rester fidèle dans la foi : divorce, avortement, menaces de main-mise de l'État sur l'éducation, etc., dans un climat général où la croyance est cantonnée dans la sphère du « privé ».
La situation est évidemment bien pire en Europe de l'Est, où sévit un athéisme militant et policier. Un sommet est sans doute atteint en Albanie, où est mise en œuvre une intention d'éradication radicale et définitive de toute forme de religion.
Au Moyen Orient, d'antiques minorités chrétiennes, parfois appréciables (comme en Égypte), voient leur identité et leur survie même remises en question par un puissant courant d'« islamisation ». Les chrétiens du Liban doivent bel et bien se défendre en tant que tels. Et la situation minoritaire de leurs frères d'Irak, d'Iran ou de Turquie n'est guère plus enviable. Il faut encore mentionner l'intolérance de certains pays musulmans où l'on n'admet pas que les Européens qui y travaillent portent sur eux le moindre symbole chrétien, si personnel et discret soit-il.
L'islamisation se poursuit en Asie, par exemple au Pakistan et en Malaisie, de même qu'en certaines provinces de l'Inde, où par ailleurs les hindouistes n'acceptent pas toujours ni la présence de missionnaires ni l'existence de leurs concitoyens convertis. Même chose au Népal, tandis qu'en Thaïlande ce sont des bouddhistes qui supportent mal que le christianisme s'exprime publiquement. Et il y a l'Indochine et la Chine, où l'on retrouve la tentative marxiste.
L'islamisation et le socialisme marxiste se trouvent parfois réunis et mêlés à un nationalisme agressif en Afrique noire: c'est le cas au Bénin, ce le fut en Guinée jusqu'à tout récemment : qu'on se rappelle Mgr Tchidimbo. Le marxisme sévit seul en Angola, en Mozambique, en Éthiopie, au Ghana, au Congo, à Madagascar, au Bostwana, au Zimbabwe... tandis que l'islamisation inquiète les minorités chrétiennes au Soudan et au Nigéria. Les chrétiens d'Ouganda sont pris dans une interminable guerre civile. Ceux du Burundi doivent faire face à une laïcisation » intransigeante. Il faut enfin signaler le cas de l'Afrique du Sud, où des chrétiens de plus en plus nombreux ne peuvent plus, en conscience, soutenir ni admettre l'apartheid et où le P. Smangaliso Mkhatshwa, secrétaire général de la conférence épiscopale catholique, a été arrêté et torturé l'été dernier.
Il y a enfin l'Amérique centrale et du Sud. Le marxisme s'y trouve à Cuba, au Nicaragua et aussi (jusqu'en 1984) à Grenade. L’Église doit ou a dû encore défier des dictatures militaires en Argentine, au Chili, à Haïti, au Guatemala. Les chrétiens doivent affronter la guerre civile au Salvador, au Pérou... alors qu'un peu partout, on cherche à tirer la foi chrétienne d'un côté ou de l'autre.
Sans doute y a-t-il encore bien d'autres persécutions. Cette sinistre «carte du monde» doit scandaliser. Elle ne peut pas étonner. Et l'on ne peut pas davantage avoir «ses» martyrs ou les ignorer tous qu'on ne peut choisir «ses» pauvres ou se boucher les yeux devant la misère. Le Christ est en agonie jusqu'à la fin des temps. S'y résigner ne serait pas moins grave que de douter que sont «bienheureux» par la grâce du Christ ceux qui sont persécutés à cause de Lui....
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