Pierre Duhem et la philosophie des sciences
DUHEM arriva à Bordeaux vers la fin d'octobre 1894, il y a quatre-vingt-dix ans, à peu près certain d'être appelé à une chaire parisienne dans le mois qui suivait. Tellement certain qu'il demanda aux déménageurs de ne déballer du mobilier que ce qui était indispensable pour le confort de sa mère et de sa fille. Né à Paris, ancien élève d'établissements illustres de la capitale, le Collège Stanislas t l'École normale supérieure, Duhem ne se sentait vraiment chez lui qu'à Paris, terre promise de tant de savants et d'artistes français. C'est peu après 1900, soit six années après son arrivée à Bordeaux, que Duhem comprit qu'il allait devoir y passer toute sa vie. En 1913, l'année de son élection à l'Académie des sciences comme un des six premiers membres non-résidents, Duhem se mit à apprécier tellement les avantages de vivre et travailler en province qu'il en devint largement indifférent à l'honneur parisien.
Si l'on avait demandé à Duhem pourquoi il se plaisait tant à Bordeaux il aurait immédiatement nommé la Société des sciences physiques et naturelles. Il en fut un membre très actif de 1896 à 1901. Les Mémoires et les Procès-Verbaux de la Société contiennent pour ces années une quarantaine de publications sous son nom, dont certaines ont plusieurs centaines de pages.Duhem aurait aussi certainement rappelé avec quelle obligeance la Société a constitué pour ses six premiers thésards leur premier forum scientifique : leurs thèses, fort longues pour l'époque, furent publiées dans les Mémoires de la Société. Enfin, il aurait volontiers rappelé, surtout, le rôle de Georges Brunei, professeur de mathématiques ,pour assurer à la Société sa réputation internationale. Au début du siècle, les principales bibliothèques universitaires d'outre-Atlantique étaient abonnées aux Mémoires et aux Procès-Verbaux de la Société bordelaise...
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