Le combat contre un monde étranger : la persécution dans L'Apocalypse

L'Apocalypse n'est pas un manuel de consolation dans les persécutions, mais un texte liturgique composé pour aider les chrétiens à résister aux agressions quotidiennes d'un milieu hermétique et hostile à Dieu.

 

L'opinion couramment admise, selon laquelle L'Apocalypse aurait été un traité de consolation pour des chrétiens en proie à de graves difficultés, voire un manuel de survie adapté à un temps de persécutions, mérite d'être radicalement repensée.Et ce pour au moins deux raisons. Si, comme l'admet aujourd'hui la majorité des commentateurs, on situe la composition de L'Apocalypse, en se fondant sur le témoignage ancien d'Irénée (1), vers la fin du règne de Domitien (mort en 96), alors ce ne fut pas pendant une période de persécutions. Les travaux précis de P. Prigent (2) ont montré qu'à l'époque probable de la composition de L'Apocalypse, on pouvait tout au plus déceler la tension croissante qui devait déboucher plus tard sur un durcissement violent dans les rapports entre les chrétiens et l'empire, mais sans qu'il y ait une persécution active. La vie chrétienne à laquelle se réfère L'Apocalypse n'est pas présentée ni conçue dans la perspective d'un martyre imminent, sauf quelques cas relativement isolés, même s'ils sont significatifs.

 

russe par Serge Benoît, Seuil, 1980. On consultera aussi les deux livres publiés par l'auteur de cet article : Gleb Yakounine : un prêtre seul au pars des Soviets, Criterion, 1984 ; Témoin de Dieu chez les sans-dieu : Journal de prison de Mgr Sloskans, Bibliothèque AED, 1986