Cardinal André VINGT-TROIS
Vieillir
-
n°264
Juillet - Aout
2019 - Page n° 21
Vieillir, c’est découvrir des parts jusque-là ignorées de la vérité sur soi-même. C’est aussi prendre mieux conscience des décisions à prendre et des engagements à tenir dans la relation avec Dieu en réponse à sa fidélité. C’est enfin une épreuve révélatrice pour les proches et même pour la société.
L’avancée en âge est un aspect important mais assez peu pris en considération par notre fonctionnement social. La place de la personne dans la société est en effet définie essentiellement par ses capacités de production et de consommation. Dès que l’on sort du système de production, autrement dit quand on part à la retraite ou qu’on y est mis, on entre sur un terrain mal balisé. Et quand un peu plus tard on sort progressivement du système de consommation, parce qu’on n’en a plus les moyens et que les besoins diminuent et en tout cas changent, on devient un élément au mieux neutre et au pire encombrant, parce qu’inutile et même coûteux. Il n’est donc pas rare que les personnes âgées se sentent plus ou moins en marge de la société.
Le temps du questionnement radical
C’est pourquoi le passage à la retraite est, d’une certaine façon, une épreuve de vérité. Jusque‑là, on est plus ou moins porté par l’idée qu’on est quelqu’un grâce à ce qu’on fait, puisque c’est l’activité qui donne d’avoir une importance reconnue. Et puis voilà qu’on découvre qu’il y a des occupations auxquelles on ne peut plus ou même on n’a plus le droit de se livrer, alors que le monde autour de soi continue de s’affairer. Il faut bien alors chercher, identifier et mettre en oeuvre les potentialités que l’on peut avoir, en dehors de la productivité et de l’engagement professionnel. C’est, me semble‑t‑il, un moment de vérité, parce que la question qu’on se pose à soi‑même et qu’on ne peut pas esquiver, c’est : « Est‑ce que tu n’es rien d’autre que ce que tu fais, ou bien est‑ce que tu es plus que ce que tu fais ? ».
C’est un moment de vérité, parce qu’on est obligé de s’interroger comme on n’était pas poussé à le faire avant. On révise ses critères de ce qu’est la vie – non pas la vie en général, mais sa vie présente : « Si aujourd’hui je n’ai rien accompli, rien fait en dehors de subvenir à mes besoins immédiats et laisser les bruits du monde parvenir jusqu’à moi sans qu’on me demande rien personnellement, ma journée a‑t‑elle été perdue ? Mais à quoi vais‑je mesurer qu’une journée n’a pas été perdue ? ». C’est alors que des questionnements sur le passé et des comparaisons ont des chances de venir à l’esprit : « Quelle valeur ai‑je eu aux yeux des autres dans mon métier ? Et moi‑même, me suis‑je intéressé [...]
Pour lire la suite de cet article, vous pouvez acheter ce numéro ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!
Prix HT €* | TVA % | Prix TTC* | Stock |
---|---|---|---|
13.71€ | 2.10% | 14.00€ | 75 |
Titre | Prix HT € | TVA % | Prix TTC | Action |
---|---|---|---|---|
Vieillir - pdf | Gratuit pour tout le monde | Télécharger |