La conscience de Jésus et sa mission

La conscience de Jésus et sa mission

Ce n'est pas la psychologie qui peut nous dire quelle conscience le Christ a pu historiquement avoir de son iden-tité. Mais c'est l'identité parfaite du Christ à sa mission — enlever le péché du monde pour réconcilier celui-ci avec Dieu — qui détermine de fond en comble sa psychologie humaine.

PROBLÈME redoutable. Car d'une part il ne faut pas oublier l'avertissement répété de R. Guardini : il n'y a pas de psychologie de Jésus, et il ne peut y en avoir, s'Il fut vraiment ce que croit la foi. La psychologie s'occupe des lois psychiques générales et non de ce qui est par essence Unique. Nous prendrons également au sérieux l'affir-mation de l'anglican E.L. Mascall : « II est tout aussi ridicule qu'irres-pectueux de se demander ce que cela peut bien vous faire d'être Dieu fait homme ». D'autre part, pour des raisons théologiques, on ne peut éluder la question de savoir si les grandes déclarations de Jésus dans l'Évangile de Jean (« c'est pour cela que je suis venu » ; « c'est pour cela que je suis envoyé »; « je suis sorti du Père et venu dans le monde ») sont des gloses mythologisantes d'une réalité qui, si elle a jamais existé, n'avait en tout cas aucune place dans la conscience de Jésus. Et quand, après avoir suf-fisamment agi et parlé, Il pose à ses disciples la question décisive : « Pour vous qui suis-je ? », cela suppose qu'Il savait lui-même qui Il était, et que d'autres, dans un pressentiment, pouvaient le savoir et, dans un balbu-tiement, l'exprimer. Mais au cas où Il est vraiment venu de Dieu, unique, sans précédent ni répétition possible, on comprend alors que Pierre n'a pu en prendre conscience par des réflexions psychologiques (« ce ne sont ni la chair ni le sang qui t'ont révélé cela »), mais par une lumière venant de la région même d'où provient la personne de Jésus et dans la-quelle II est chez lui (...« mais mon Père qui est dans les cieux » Matthieu 16, 17). L'exégète N.A. Dahl exprime ceci, dans son domaine propre, en ces quelques mots : « Ce qui est de fait arrivé dans ce qui s'est passé alors — Dieu nous a montré son amour en ce que Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs —, l'historien en tant que tel ne peut rien en dire... Que cet homme soit le Fils de Dieu, le Verbe

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