Eunome de Cyzique peine à accepter le paradoxe de la Trinité et le contourne en recourant à un émanatisme philosophique subtil. Grégoire, en réfutant cette hérésie, se trouve conduit à approfondir le paradoxe de l’Incarnation.

Eunome, l’hérétique qui refuse le paradoxe

Le Contre Eunome de Grégoire de Nysse

Qui est Eunome de Cyzique¹ ? Bien des auteurs ont écrit contre Eunome de Cyzique (ca 335 – † entre 392 et 395) ² : Apollinaire, Basile de Césarée, Didyme l’Aveugle, Diodore de Tarse, Grégoire de Nysse, Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Sophronius. Seuls les ouvrages de Basile et de Grégoire nous sont parvenus entiers. Les autres sont perdus ou fragmentaires. Des attaques moins directes se trouvent encore chez Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome et Cyrille d’Alexandrie. Mais c’est Grégoire de Nysse, son exact contemporain (ca 335-ca 394), qui nous en fournit la plus volumineuse réfutation.

« Eunome a l’avantage d’avoir trouvé un historien tout dévoué en la personne de Philostorge ³ ». Ordonné évêque de Cyzique en 360, il constitua pour l’Église un danger mortel. Après Arius et Aèce, il appartient à cette troisième génération arienne qui a su consolider l’hérésie dans une cohérence logique et métaphysique redoutable pour la foi. Non content de nier, comme Arius, la divinité du Fils, Eunome élabore une vaste construction philosophique et théologique pour montrer en quoi la substance du Fils non seulement n’est pas la même(homos) que celle du Père (contre le“consubstantiel” du concile de Nicée de 325), mais lui est franchement dissemblable (anhomoios), d’où le terme “anoméen”, qui caractérise l’hérésie eunomienne, parfois appelée néo-arianisme.

L’occasion des écrits de Grégoire contre Eunome

« C’est très probablement entre 360 et 361 qu’Eunome rédige son Apologie ⁴ » de 28 paragraphes, que Basile réfute immédiatement dans les 3 livres de son Contre Eunome, vers 364-366. Après...

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 1 Voir notre article « Le Contre Eunome de Grégoire de Nysse », dans Connaissance des Pères de l’Église no 65, mars 1997, 53-62.

 2 Sources Chrétiennes, désormais SC 521 p. 23 et 30.

 3 SC 521 p. 23.

 4 SC 521 p. 28.