« La probabilité est le guide même de la vie » est une phrase qui a accompagné Newman. Conscient des limites du langage, il soutenait que des notions paradoxales ou contradictoires peuvent, prises ensemble, établir une authentique certitude.

Newman sur la probabilité et le mystère

Dire et contredire pour approcher de la Vérité

Une conséquence de la controverse à laquelle John Henry Newman (1801-1890) se trouva entraîné après son article « Sur la consultation des fidèles en matière de doctrine », paru dans The Rambler (Le Randonneur) en 1859, fut de le dissuader de publier. Pourtant, en 1864, pour répondre à Charles Kingsley ¹ qui l’avait cavalièrement accusé de soutenir que le respect de la vérité n’avait pas à être une priorité pour le clergé romain, Newman édita son Apologia pro Vita Sua, et son image aux yeux du public en bénéficia. Deux ans plus tard, il écrivit sa Lettre à Pusey ², où il critiquait l’Eirenicon de son collègue d’Oxford, et particulièrement la présentation qui y était faite du culte catholique de la bienheureuse Vierge Marie. En 1870 enfin, il put publier un livre sur la question qui le fascinait depuis sa jeunesse : son Essai au service d’une grammaire de l’assentiment. Mais, de son point de vue, tout cela était bien léger, comparé à tout ce qu’il avait écrit précédemment. Au cours des années 1870, il déplore dans une lettre d’avoir si peu écrit récemment. Je me plonge régulièrement dans les trente-deux volumes publiés de la correspondance de Newman, mais je dois avouer que, si j’ai un souvenir assez précis de cette lettre, je n’arrive pas à la retrouver. C’est comme la proverbiale recherche d’une aiguille dans une botte de foin ! Je voulais retrouver cette lettre spécialement à cause de ce que Newman y dit sur la probabilité. Avec quelque autodérision, il relève que la façon dont il fait de la probabilité une étape vers la certitude est une des rares contributions durables qu’il a pu faire. Il vaut la peine de noter en passant que l’on pourrait tenir pour paradoxales des probabilités contrastées et pourtant convergentes.

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 1 Charles Kingsley (1819-1875), prêtre anglican farouchement anticatholique, étudiant puis professeur à Cambridge, historien, romancier, poète, est connu comme promoteur d’un socialisme chrétien et défenseur de Darwin [Note du traducteur – ci-après NdT]

 2 Edward Bouwerie Pusey (1800-1882), membre du « Mouvement d’Oxford » avec John Henry Newman (1801- 1890), resta dans l’Église anglicane. La Lettre à Pusey de Newman a été rééditée en français chez Ad Solem en 2002. Le même éditeur a publié en 2010 des traductions de l’Apologia pro Vita Sua et de la Grammaire de l’assentiment [NdT].