Pour le meilleur ou pour le rire

Paul Victor DESARBRES et Anne de SAXCE
Le rire - n°294 Juillet - Aout 2024 - Page n° 9

Pour le meilleur  ou pour le rire

On peut s’en réjouir ou s’en plaindre : il paraît évident que l’homme contemporain a besoin de rire et que cette réalité humaine, comme tant d’autres, doit être assumée dans un cadre chrétien. Il y a quelques années, une réécriture de l’évangile, suivant ce fil directeur, s’intitulait Jésus le Dieu qui riait (1999). Plus récemment, la série américaine d’inspiration évangélique, The Chosen (titre français – titre québécois : Les Élus) réalisée par Dallas Jenkins, retrace les pérégrinations des disciples : dans la première saison, à Cana ou face à la pêche miraculeuse, Jésus rit ou verse des larmes de joie. Mais cette tendance, voire cette injonction au fun ou au lol, est-elle seulement le fruit des circonstances et du rapport contemporain aux émotions ? De plus, le christianisme ne chercherait-il pas à se racheter de longs siècles où la foi n’a pas suscité le rire, loin de là ? On se souvient facilement du Nom de la rose, brillant roman d’Umberto Eco (1980), et surtout de son adaptation par Jean-Jacques Annaud (1986) : le thriller médiéval se déroule dans une abbaye bénédictine entre France et Italie où une série de meurtres s’explique par la volonté impitoyable d’un vieux moine sévère, borgne et féroce, de cacher le manuscrit complet de la Poétique d’Aristote, comprenant l’analyse de la comédie, manquante dans les versions qui nous restent. Si les hommes rient, ils pourraient rire de Dieu, dit le sinistre personnage à Sean Connery en incendiant la bibliothèque de son abbaye. On ne peut ici que rappeler les grandes lignes d’une analyse morale et anthropologique à laquelle beaucoup d’autres se sont livrés. Le rire est une réalité humaine cruellement réversible, surtout quand il prend la forme de la moquerie, de la dérision. C’est à la dérision que pense Baudelaire lorsqu’il définit le rire comme sentiment de supériorité, essentiellement « satanique » : « le Sage ne rit qu’en tremblant » (De l’essence du rire). On trouve des conceptions plus uniment positives du rire comme marque d’intelligence supérieure, capable d’explorer 1. Mais de même qu’il y a un rire gros, gras et grinçant, un rire grossier, épais, vulgaire et niais ou un rire intelligent et méchant, il y a des rires francs, légers ou cristallins, des rires bon enfant, joyeux et gais, francs, clairvoyants ou spirituels....


 1 Ágnes HELLER, Immortal Comedy : The Comic Phenomenon in Art, Literature, and Life, Lexington Books, 2005.


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