Le second avènement du Christ

Le second avènement du Christ

Entretien

Jan-Heiner Tück : L’espérance du second avènement du Christ (la parousie), qui était essentielle pour les premiers chrétiens, s’est largement estompée aujourd’hui. Nous confessons certes dans le Credo que le Christ reviendra pour juger les vivants et les morts, mais le motif de la parousie, qui d’après les sources bibliques concerne toute l’histoire du monde, a presque disparu de la conscience de l’Église. Ce qui est aussi le cas de la conscience des fins dernières.

Cardinal Kasper : L’Ascension est étroitement liée à l’espérance du retour du Christ élevé au ciel : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Actes 1,11). Les discours de Jésus sur le jugement (Marc 13, 26 //) ainsi que les épîtres de Paul (1 Thessaloniciens 4,15 et autres) en parlent également. Cette espérance est énoncée dans le Credo des Apôtres : « il viendra juger les vivants et les morts » − ainsi que dans l’acclamation après la consécration : « nous attendons ta venue dans la gloire ». Le christianisme primitif était rempli de cette espérance et attendait avec impatience son accomplissement prochain. Il priait avec supplication : « Marana tha » , « Viens, Seigneur Jésus ! » (1 Corinthiens 16,22 ; Apocalypse 22,20). Lorsque la réalisation de cette espérance a été retardée, l’attente imminente est entrée en crise et, à l’époque moderne, l’espérance de la seconde venue (parousie) de Jésus n’est généralement plus guère vivante dans la conscience de nombreux chrétiens ¹. Karl Barth a proposé un contrepoint à cette affirmation : « Le christianisme qui n’est pas totalement et complètement une eschatologie n’a absolument rien à voir avec le Christ ».

Jan-Heiner Tück : Comment réussir − au vu des changements de compréhension du monde selon les époques − à redonner vie à et à rendre compréhensibles les déclarations bibliques concernant Jésus-Christ qui revient sur les nuées, y compris les signes précurseurs selon lesquels les étoiles tombent du ciel, le monde entier implose pour ainsi dire et les anges rassemblent les élus des quatre vents ?

Cardinal Kasper : Il convient tout d’abord de noter que les déclarations bibliques sur la parousie sont un langage imagé issu de l’apocalyptique juive primitive qui a débuté avec le Livre de Daniel dans l’Ancien Testament. Elle cherchait à développer une perspective d’espérance dans une période de détresse, alors qu’Israël était dominé par des puissances étrangères. C’est là que le discours sur le royaume de Dieu à venir et sur le Fils de l’homme qui viendra sur les nuées du ciel trouve son origine.

Karl Rahner a développé les principes d’une herméneutique des déclarations apocalyptiques que nous avons du mal à comprendre aujourd’hui. Il a montré qu’il ne s’agit pas du reportage anticipé d’un spectateur lors d’un événement à venir. La situation (Sitz im Leben) de l’apocalyptique chrétienne est plutôt la foi dans le Christ terrestre et exalté, et notre situation actuelle qui aspire à l’accomplissement du salut. Les images apocalyptiques doivent être comprises comme une transposition de notre situation actuelle de salut sur le mode de l’accomplissement.

Hans Urs von Balthasar a développé cette idée. L’accomplissement eschatologique n’est pas un prolongement de notre histoire...

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 1 Voir le cahier de Communio 219 (janvier-avril 2012) : La seconde venue du Christ (téléchargement gratuit sur le site de la revue) (NdE).