L'Eucharistie, bien de la communio

L’Eucharistie, bien de la communio

Nous portons en nous un désir de communion, inscrit au plus profond de notre être, là où l’esprit s’unit à la chair. Cela n’est pas seulement une quête de cohésion sociale : la communion engage l’intime, le secret partagé – « tu es unique à mes yeux, comme je le suis aux tiens » – dans un mystère qu’on hésitera à nommer, de peur de le trahir. Mais ce désir, aussi essentiel soit-il, se heurte à une autre aspiration, celle de l’universel, qui répugne à l’exclusivité du singulier. Comment concilier l’élan vers le particulier dans sa proximité charnelle et celui qui embrasse l’universalité des êtres humains ? Cette tension, familière, traverse nos vies ; nous la supportons vaille que vaille, mais ce n’est guère que dans l’Église que nous pouvons discerner sa résolution.

Car l’Église n’est pas une communauté humaine parmi d’autres. Elle n’existerait pas sans nous, mais elle est plus encore ce que nous accueillons de Dieu comme un don nous dépassant de toute part et qui trouve sa concrétisation dans l’Eucharistie. Parce que l’Eucharistie est le sacrement d’un don radical, celui que le Christ fait de luimême à Dieu et aux hommes sur la Croix, elle est elle-même un don qui sans cesse renouvelle l’Église et la constitue comme Corps du Christ. Ici, l’individuel et l’universel s’entrelacent sans se dissoudre. Ici, celui qui m’est le plus éloigné selon les critères géographiques, politiques, sociologiques, culturels, devient mon prochain le plus proche. Ici, l’esprit et la chair échangent pour ainsi dire leurs propriétés. L’Eucharistie est, en vérité, le bien de la communion !

Évitons cependant la méprise. Il ne s’agit pas d’idolâtrer l’Institution ecclésiale comme s’il s’agissait d’une réussite éminente, fruit de nos efforts (certes eux-mêmes couronnés par la grâce). À vrai dire, l’actualité récente invite plutôt les catholiques à une certaine humilité en ce domaine... Mais si Dieu ne sauve pas des solitaires, il constitue l’Église comme communion eucharistique pour que, en y participant, nous puissions être sauvés. Les communions partielles que l’humanité opère, dans la grande diversité de leurs réalisations, ne sont pas disqualifiées ; elles reçoivent de l’Eucharistie un surcroît de lumière pour discerner leurs limites comme leurs valeurs propres. Tel est, en un sens, l’objectif poursuivi par le présent article : montrer comment....

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