Une communion entre les générations?

Une communion entre les générations ?

Une revue comme Communio témoigne d’une vérité qui ne dépend pas de l’époque où elle est dite, et qui ne varie pas au gré des modes et des tendances. Cependant, l’« air du temps », le Zeitgeist pour les pédants, n’est pas sans influencer les auteurs, ne serait-ce que parce qu’ils s’efforcent d’y résister. L’entreprise de Communio se situait, et continue à se situer, dans un contexte déterminé. Elle tente de remédier à des maux déterminés, à apporter à l’humanité d’aujourd’hui un peu du salut dont elle a besoin.

Il n’est pas question de dresser ici un catalogue de tout ce qui cloche dans le monde actuel et qui de ce fait devrait bénéficier d’un salut. Je me bornerai à un seul domaine, certes partiel, mais qui me semble de grande importance, car il détermine, ou pour le moins influence plusieurs autres facteurs. Je veux parler de la relation au temps qui affecte nos sociétés occidentales. Cette relation me semble aujourd’hui menacée d’être pervertie, si elle ne l’est déjà dans certains milieux.

Les maladies du temps

Plusieurs auteurs ont signalé dans la sensibilité contemporaine une concentration excessive, voire exclusive de l’attention sur l’actualité, parfois en reprenant le terme de « présentisme ». En France, c’est le cas d’historiens comme Pierre-André Taguieff ou François Hartog.

Envers le passé, le sentiment qui règne dans les élites occidentales est l’ignorance ou la honte, le désir de larguer les amarres par rapport à tout ce qui nous a faits ce que nous sommes.

Envers l’avenir, la foi au progrès, surgie au XVIIIe siècle et qui avait dominé le siècle suivant, a pris du plomb dans l’aile. On voit au contraire se répandre une vision noire, qu’on appelle faussement « apocalyptique » de ce qui nous attend. Ce désespoir mène à un refus pur et simple d’avoir un avenir, et à des conduites par laquelle cette prophétie se réalisera.

L’entreprise de Communio se situe elle aussi dans ce contexte des intelligences et des sensibilités. La revue a commencé de publier, au début des années 70 pour les deux premières éditions en allemand et...

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