Tibor GÖRFÖL
Le don de la communion
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n°298
Mars - Juin
2025 - Page n° 199
La revue Communio au XXIe siècle
1. Si l’on me demandait d’identifier un « saint patron » pour la revue Communio, je choisirais – après, bien sûr, les « pères fondateurs » de la revue – l’écrivaine américaine Flannery O’Connor, une femme mystérieuse et exceptionnelle, trop tôt disparue. Flannery O’Connor s’intéressait au monde réel tel qu’il est, et donc au monde réel imprégné de la présence de la grâce du Christ : il n’y a pas d’autre monde. Cette présence donnait à ses yeux un caractère sacramentel à la réalité. Elle était convaincue que « l’écrivain catholique, dans la mesure où il est fidèle à l’Église, éprouvera la vie du point de vue du mystère central du christianisme ; et que, quelque horrible qu’elle soit, Dieu a pris la peine de mourir pour elle » ; c’est ce qui permet à l’écrivain catholique d’ouvrir grands les yeux : il n’a pas besoin de les fermer devant ce qu’il peut voir. Cette vision universelle était, me semble-t-il, l’un des principaux objectifs des fondateurs de Communio, et il faut aujourd’hui rappeler que détourner son regard de tout ce qui peut être observé, c’est se détourner des voies qui rendent les êtres humains accessibles à la grâce du Christ.
Flannery O’Connor était convaincue qu’elle n’avait rien à ajouter à ses personnages et aux actions qu’elle raconte, ni leçon de morale ni réflexion abstraite, car ces événements portent en eux-mêmes une signification profonde, sans aucun ornement extérieur ajouté par l’écrivain. Ce respect de la réalité est une caractéristique qui a permis à un de ses contemporains de la qualifier de « Sophocle chrétien », c’est-à-dire un esprit chrétien qui voit et observe la vie à un niveau si profond que rien n’échappe à sa vision et que le vrai visage de la réalité s’ouvre devant ses yeux dans les événements absurdes, tordus, cruels ou comiques de la vie humaine. Flannery O’Connor est un témoin mystérieux du fait que la foi chrétienne est le plus grand explorateur et le plus grand découvreur de la culture humaine. « Ne croire en rien, revient à ne rien voir », a déclaré Flannery dans une de ses lettres 1, ce qui veut dire que croire en la source de tout...
1 Flannery O’CONNOR, L’habitude d’être, lettres réunies et présentées par Sally Fitzgerald, traduit de l’anglais par Gabrielle Rollin, Gallimard,1984 : « On croit volontiers que, pour être lucide, il faut douter de tout.Peut-être est-ce vraiquandon observe des cellules avec un microscope, mais cela ne marche pas quand on écrit un roman. Pour le romancier, ne croire en rien, revient à ne rien voir », p. 128 (NDE).
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