Simone Weil et la rencontre du Christ

André A. DEVAUX
La force - n°139 Septembre - Octobre 1998 - Page n° 109

Parce qu'elle était passionnément attachée à la vérité, Simone Weil a reconnu dans le Christ la vraie voie du salut. Dès lors, elle cherche à être totalement configurée à lui, en l'accompagnant sur la Croix, « suprême et secrète vérité » de la condition humaine.

Les rencontres qui scandent nos existences enveloppent toujours quelque mystère. Mais lorsqu’il s’agit d’une rencontre entre un homme ou une femme et le Surnaturel, le mystère est à son comble. Simone Weil nous donne l’exemple d’une telle rencontre vécue dans l’émerveillement de l’inattendu, de l’inespéré, où une expérience mystique authentique est venue couronner un long travail de philosophie critique.

Pourtant, il nous faut d’emblée reconnaître que cette « rencontre » fut secrètement préparée, à son insu, par tout un style de vie qui correspond à ce que Simone Weil appellera plus tard un « amour implicite » de Dieu. Née dans un milieu d’origine juive mais dans une famille résolument agnostique, elle ne reçut aucune instruction religieuse au point qu’elle put, de son propre aveu, longtemps se croire « athée et matérialiste ».

Sa « seule foi », dira-t-elle à Joë Bousquet – le poète de Carcassonne condamné à l’immobilité par une grave blessure de guerre – était alors « l’amor fati stoïcien, tel que l’a compris Marc-Aurèle (...) L’amour pour la cité de l’univers, pays natal, patrie bien-aimée de toute âme, chérie pour sa beauté, dans la totale intégrité de l’ordre et de la nécessité qui en sont la substance, avec tous les événements qui s’y produisent ». Elle vérifiera, pour son compte personnel, que du stoïcisme au christianisme, la distance n’est pas bien grande. En effet, avant même d’avoir une connaissance quelconque du Christ, Simone Weil avait spontanément adopté comme règles de vie pratique les préceptes du christianisme, et sa conduite, à l’égard d’elle-même et à l’égard des autres, en fut très tôt imprégnée. Elle se trouvait ainsi placée dans la situation de ceux qui sont évoqués dans l’évangile selon saint Matthieu (25, 31-40) et seront tout étonnés, au jour du Jugement, d’être sauvés et de s’entendre dire par le Maître du Royaume : «Venez les bénis de mon Père, car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire (...) car chaque fois que vous l’avez fait au moindre de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » [...]

Pour lire la suite de cet article, vous pouvez télécharger gratuitement ce numéro, acheter la version papier ou vous abonner pour recevoir tous les numéros!

Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
11.75€ 2.10% 12.00€ 18

Revue numérique

Titre Prix HT € TVA % Prix TTC Action
La force - pdf Gratuit pour tout le monde Télécharger