Le Premier né de toute créature"

Esquisse d'une vision christologique de la création

 Le  salut qu'accomplit le Christ en croix renvoie à  la révélation de l'Homme tel que Dieu le veut. Le Ressuscité achève la création du monde parce qu'il est le principe de sa genèse.

La première page, 30, est jointe.

Une étrange lacune La création comme donnée première de la foi a presque disparu de l'horizon actuel du dogme. Sur elle, Barth excepté, c'est à peu près le silence. Comment ce fait étrange s'est il produit ? Le rigorisme d'une métaphysique refusant toute réciprocité entre Dieu et son oeuvre n'y est pas étranger (1). A force de pureté abstraite, le Créateur devient le plus pur des absents. Certes, le concordisme entre la science et la foi attribuait à Dieu un type de présence qui respectait mal le savoir réel du monde, en situant la Bible dans un ordre qui n'était pas le sien. Ayant renoncé à confondre science et foi, la théologie a dès lors baissé pavillon devant l'astrophysique, seule désormais à parler de genèse du monde ; elle s'est désintéressée d'une aventure cosmique qui s'étend sur un gouffre de quinze milliards d'années, cependant qu'elle confesse un Dieu maître de tout abîme (Psaume 134, 6). L'évolution des vivants, que l'on n'oppose plus, Dieu merci, à l'acte créateur, semble décourager aussi la réflexion théologique, qui n'en traite parfois encore que pour y chercher les traces empiriques d'un « Adam » introuvable... Barth a su parler de la création sans la séparer de l'Alliance qui est sa raison d'être, mais sa tendance à considérer celle ci sous le seul aspect de rédemption du péché lui faisait négliger la filiation primordiale de l'homme [[H. Bouillard, Karl Barth, Genèse et évolution de la théologie dialectique, Aubier, Paris. 1957, t. 2, pp. 188 206.]]. Qui donc, hormis Neher et (p.30)

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Gustave MARTELET