Simone Weil en souffrance

Pierre CORMIER
Appartenir à l'Eglise - n°5 Mai - Juin 1976 - Page n° 59

 

RIEN d'autre que la belle communauté d'un lieu [[Voir la notice biographique de l'auteur à la fin de l'article.]] ne motive ces lignes. Qu'il soit devenu — hasard et providence — trait d'union ou, comme aimait à le dire Simone Weil, metaxu, qu'il soit advenu comme signe, voici remise en route la question de S.W. Dans sa faiblesse comme dans sa force (qui ne sont pas exactement tout un), la situation de S.W. par rapport à l'Église est en soi une question (posée avec acharnement dans tous ses écrits), et un problème, celui qu'il s'agit ici d'élucider autant que possible, à la fois à partir du questionnement de S.W. et de la lumière issue de l'Église elle-même, source de l'interrogation.

Situation de Simone Weil

En quoi la situation de S.W. importe-t-elle ? doublement : du point de vue intérieur de l'Église, elle représente la tentative extrême d'une expérience de la foi en dehors de l'Eglise et d'une mise à l'épreuve de l'Église comme lieu du salut. Du point de vue du dehors, S.W. réalise sa vocation de témoin de l'exigence évangélique infinie, en dehors de toute « récupération » par l'institution tant redoutée. Elle peut donc aider à se mettre, dans la vérité, en face d'eux-mêmes et de l'obéissance évangélique, tous ceux, si nombreux à notre époque. qui croient possible de « vivre l'Évangile » sans adhérer à l'Église. S.W., paradoxalement, détruit tous les prétextes communément admis pour se récuser à la porte de l'Église : scandale de la souffrance, méconnaissance de la signification des sacrements par rapport aux événements fondateurs de la foi, conception affadie et édulcorée de la charité, qui conduit à une continuelle protestation contre les exigences éthiques de l'Église, (lesquelles ne représentent pourtant que la simple conséquence pratique de la foi et rappellent la perfection à laquelle la charité est appelée comme réalisation de la foi dans la sainteté).

Face à l'insipidité régnante, la vie de S.W. est, pour nous, prophétique. car elle est, par contraste, tout entière sel, levain, dépouillement du grain mis en terre : S.W. n'est pas d'Église par défaut, mais pair excès, en quoi elle fait question à l'Église et à la tièdeur de son témoignage, à son peu de sainteté : la communauté ecclésiale mérite de toujours la souffrance que S.W. lui a infligée en n'entrant pas dans son sein par le baptême ; ici se dessine la « vocation » spéciale ([[Dans Attente de Dieu. Ed. du Vieux Colombier, 1950, p. 52. Nous utiliserons les abréviations suivantes : A.D. = Attente de Dieu ; L.R. = Lettre à un Religieux, Gallimard. 1951 P.G. = La pesanteur et la grâce, Plon, 1948: E. = L'enracinement. Gallimard, 1949.]] de S.W.: n'être ni dans l'Eglise, ni hors de l'Eglise mais, comme elle (p.59)

 

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Philippe Cormier découvre en lisant Simone Weil que le refus de l'institution ecclésiale révèle moins un abandon plus libre au Christ qu'une dernière peur : reconnaître que les limites de l'institution sont les nôtres - le péché

La lourdeur de l'institution nous fait éprouver, à travers notre propre pesanteur, la longue patience de la grâce.

 

La première page, 59, est jointe.


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