Du bon usage des métaphores sportives

En suivant de près la naissance et le développement de la métaphore sportive chez les Pères de l'église, on dégage l'originalité de la compétition chrétienne : le seul vrai coureur, c'est le Christ et la médaille du champion, c'est aussi le Christ.

IL ne serait probablement pas venu à l’esprit d’un juif de la Première Alliance de comparer ses relations avec Dieu à un exercice sportif, au sens que ce mot a pris dans la civilisation grecque et par suite dans la nôtre. La Bible, qui regorge de métaphores, les emprunte principalement à la vie agricole ou pastorale, ou à la guerre. Dans la même ligne, le sport est absent des paraboles de Jésus et des quatre évangiles en général. La métaphore sportive fait son entrée en christianisme avec Paul¹: elle y connaîtra une fortune considérable, principalement dans la chrétienté de langue et de civilisation grecques. Il s’agit d’un bel exemple d’inculturation. Mais les chrétiens ne sont pas les seuls à avoir comparé notre monde à un stade et la vie à une compétition. Il n’est donc pas sans intérêt de glaner, dans le cours de la tradition chrétienne, quelques exemples de cette lecture sportive de la vie, et d’essayer de discerner ce qu’elle peut avoir de spécifiquement chrétien.

Naissance d’une métaphore

Paul

C’est dans sa Lettre aux Philippiens que Paul introduit brièvement la course. Il vient d’évoquer son propre itinéraire et la façon dont il a rejeté tous les avantages que lui apportait son statut de juif pharisien, pour gagner le Christ.

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1. Je ne ferai pas ici de distinction entre les lettres authentiques de Paul et celles qui nous sont parvenues sous son nom mais que les exégètes modernes attribuent à ses disciples.