Sauvés du péché. Apologie pour Augustin

Augustin est souvent accusé d'avoir infléchi la théologie latine dans un sens pessimiste, par sa doctrine sur le « péché originel ». Si l'expression est bien créée par Augustin, elle recouvre un enseignement très ancien dans l'église, y compris chez les Pères grecs. La polémique contre Pélage n'a pas pour but de minimiser le libre arbitre humain, mais de maintenir les mystères de l'Incarnation et de la Croix du Christ au coeur de la morale et de la foi chrétienne.

Introduction

« Confessions » : le nom de saint Augustin est à jamais associé à ce terme. C'est en effet celui qu'il a choisi pour désigner son texte le plus célèbre. Mais que signifie-t-il exactement ? Non averti, un lecteur d'aujourd'hui s'attendra sans doute à ne trouver dans l'oeuvre d'Augustin qu'un catalogue des fautes commises par l'auteur, tant le mot de « confessions » a vu son sens se réduire de nos jours jusqu'à ne plus signifier aujourd'hui qu'un aveu des péchés. En allait-il ainsi pour les contemporains d'Augustin? Cette modeste synthèse voudrait contribuer à éclairer la question du péché et du salut dans la théologie de l'évêque d'Hippone, du moins à dégager sa visée des caricatures, voire des contre-sens encore si fréquents, notamment dans son opposition avec la conception de Pélage et de ses disciples.

I. Les griefs contre la doctrine d'Augustin

Il est nécessaire de mieux comprendre Augustin lui-même quand il parle du péché et du salut de l'homme. En effet, il existe à ce sujet une façon d'interpréter son oeuvre qui manifeste de l'incompréhension, sinon de fortes déformations, et cette interprétation a fini par entretenir comme une « légende noire » de la pensée d'Augustin. [...]