Après trois demandes centrées sur la gloire de Dieu, la demande du pain dans l’oraison dominicale a pour objet l’homme et sa pénurie de vie. Mais qu’est-ce que vivre, pour l’homme ? L’entretien du corps par la nourriture n’en est que le premier jalon, point de départ d’un chemin sacramentel qui conduit à l’union des actions divine et humaine dans le chrétien, alter Christus.
Éditorial : Florent Urfels : Le pain où tout est dit
Thème : Notre Père III - Notre Pain
Charles de Foucauld : Méditation sur le Notre Père (III)
À Rome, le 23 janvier 1897, le bienheureux Charles de Foucauld rédigea une paraphrase du Notre Père. Il se préparait à quitter la Trappe pour partir à Nazareth.
Pierre Dumoulin : La manne et le pain du Ciel
La typologie et l’intertextualité éclairent le sens que revêt la demande du pain dans le Notre Père. Poursuivant l’interprétation pluriséculaire du prodige de la manne, le Livre de la Sagesse particulièrement s’avère précieux pour situer les affinités de l’oraison dominicale et du discours sur le Pain de vie (Sagesse 16 & Jean 6).
Yves Simoens : L’énigme du pain dans la demande du Notre Père (Matthieu 6,11 et Luc 11,3)
Comprendre le sens exact de l’adjectif « epiousios », communément traduit par « quotidien », requiert de tenir compte du contexte plus large de l’Ancien Testament et des deux traditions évangéliques. « Suffisant » semble le sens le plus exact à la condition de l’éclairer surtout par les Prophètes selon Matthieu, par les écrits de Sagesse selon Luc. Le souci de la volonté du Père chez Matthieu et du pardon chez Luc fait de ce pain le viatique – à portée eucharistique – de tout croyant ici-bas.
Christian Boudignon : Trois pains pour les Pères de l’Église – À propos des interprétations patristiques de la quatrième demande du Notre Père
Les trois pains correspondent à trois traditions de commentaire issues de Tertullien, Origène et Grégoire de Nysse. Tertullien analyse le pain demandé comme le pain eucharistique et le pain nécessaire à la vie ; « epiousios » est rendu par « quotidien ». Origène voit dans le pain l’enseignement spirituel du Christ et rapproche « epiousios » de « substance » ou d’« essence ». Grégoire de Nysse revient à l’interprétation du pain comme celui qui permet de satisfaire un besoin nécessaire ; « epiousios » devient synonyme de « ephémèros », « pour la journée ».
Jacques Servais : Demander à Dieu ce que nous faisons – À propos d’une pensée attribuée à saint Ignace de Loyola
Faut-il laisser l’avenir entre les mains du Seigneur ou au contraire s’engager de toutes ses forces pour que cet avenir soit conforme à la volonté divine ? Comment instaurer un juste rapport entre l’abandon à la Providence et l’exercice de notre liberté de chrétiens ? Dans son exposé sur la quatrième demande du Notre Père, le Catéchisme de l’Église Catholique renvoie à ce propos à un énigmatique adage ignacien dont cet article dégagera la véritable signification.
Jean-Pierre Batut : Don du pain et combat de la persévérance
Le disciple qui vient de prier le Père de sanctifier son Nom, de faire venir son Règne et de faire advenir sa Volonté se trouve, avant d’aborder la deuxième partie du Notre Père, devant une évidence : le premier lieu où cette Volonté est sans cesse bafouée se situe dans sa propre existence. Il lui faut franchir cet abîme entre lui et son Dieu, emprunter le pont qu’est le Christ, recevoir le fruit de son geste pascal dans le pain quotidien. Recevant et mangeant ce pain pour continuer à recevoir la Vie, le croyant abandonne alors tout souci pour la fécondité de sa vie, à laquelle le Christ a déjà pourvu.
Lectures du Notre Père
Bernard Pottier : La dynamique du Notre Père – Le commentaire de Maxime le Confesseur (c. 580-662)
Selon Maxime le Confesseur, le Pater nous fait parcourir de haut en bas toute la Création, depuis la Trinité créatrice en passant par les anges vers l’homme déchu, jusqu’au Malin qui veut nous empêcher de rejoindre notre Créateur. Cette vision contemplative amorce une dynamique ascétique et mystique de retour vers le Père, à l’image du Verbe qui, dans son abaissement, nous montre le chemin de la douceur et de l’humilité. La capacité de pardonner est alors l’indice de notre remontée vers Dieu.
Pietro Messa : Le Paster noster de François d’Assise
Parmi les écrits attribués à François, on trouve une brève Expositio in Pater noster remarquable par ses reprises du vocabulaire et des thèmes des grands commentaires patristiques et médiévaux du Pater. Son authenticité a été discutée mais, si l’on accepte d’y voir une synthèse anthologique et non une création originale, on peut certainement y reconnaître une prière familière au Pauvre d’Assise. Cet article en présente les sources et manifeste ses points de contact avec la spiritualité franciscaine.
Évagre le Pontique : Brève explication du Notre Père
Nathalie Bosson nous offre la première traduction littérale complète en français d’un commentaire peu connu du grand spirituel Évagre le Pontique (345-399) sur le Notre Père.
Signet
Thomas De Koninck : L’aide médicale à mourir – Un oxymore?
Faute d’une réflexion rigoureuse sur l’expression «mourir dans la dignité», une loi récente au Québec illustre ce que Orwell a décrit comme la novlangue, en transformant l’Aide médicale à mourir en un oxymore, pour lui faire désigner, non plus les soins palliatifs, mais une pratique euthanasique.
Le pain où tout est dit
Père Florent Urfels
Jésus, notre pain quotidien au-dessus de toute substance, ayez pitié de nous.
Jésus, pain descendu du ciel pour donner la vie au monde, ayez pitié de nous.
Jésus, véritable manne qui a tous les goûts pour un coeur pur, ayez pitié de nous.
Jésus, qui n’aviez pas même de quoi reposer votre tête, pendant que vous nourrissiez au désert tant de milliers d’hommes d’un pain miraculeux, ayez pitié de nous.
François de Salignac de La Mothe-Fénelon, Prières du matin
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. » Ces quelques mots sont en apparence si simples que nous avons du mal à imaginer comment un numéro entier de Communio pourrait leur être consacré. En réalité, la quatrième demande du Notre Père opère un tournant stratégique dans l’oraison dominicale. Il s’agit d’en découvrir la signification en explicitant la richesse symbolique des mots qui la composent mais aussi en se rendant attentif à sa logique paradoxale : quel sens y a-t-il à demander à Dieu ce que nous achetons tous les matins chez notre boulanger ?
Le pain au-delà du spirituel et du matériel
Au premier regard donc, l’objet de cette demande concerne un besoin de l’homme et parmi les plus immédiats : il n’est plus question du Nom de Dieu, de son Règne ou de sa volonté, mais de la nourriture sans laquelle s’éteint la vie la plus élémentaire, celle du corps. Cet abaissement du céleste vers le terrestre, préparé par la troisième demande (Matthieu 6,10 : « comme au Ciel, aussi sur la terre »), correspond à une césure stylistique. Les demandes en « tu », où l’homme exprime des souhaits qui le dépassent par leur contenu même (car enfin qui peut savoir ce qu’est exactement le Nom de Dieu ou sa volonté ?) laissent place à des requêtes en « nous » apparemment moins mystérieuses. Marc Philonenko suggère également que les demandes en « tu » du Notre Père constituent « la prière individuelle, personnelle et habituelle de Jésus […] que ses disciples ont pu entendre, sans y prendre part », tandis que la deuxième partie exposerait « cette prière des disciples dont la situation ne se confondait pas avec la sienne1 ». La deuxième partie du Notre Père, quoique s’abaissant jusqu’à la terre des hommes, n’est pourtant pas d’une clarté totale. Pour n’évoquer que la demande du pain, à laquelle est consacré le présent cahier, les versions matthéenne comme lucanienne le qualifient d’un énigmatique epiousios qui n’est attesté nulle part avant les évangiles. S’agirait-il d’un néologisme chrétien ? Aurait-il trouvé naissance dans le cadre liturgique des premières communautés où, en même temps que l’on récitait la prière reçue du Seigneur, l’on participait au banquet qu’il nous a laissé en mémorial ? Cette hypothèse, qui confère [...]
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1. Marc Philonenko, Le Notre Père. De la prière de Jésus à la prière des disciples, Paris Gallimard, 2001, p. 165-166.
Thomas De Koninck : L’aide médicale à mourir – Un oxymore?
Faute d’une réflexion rigoureuse sur l’expression «mourir dans la dignité», une loi récente au Québec illustre ce que Orwell a décrit comme la novlangue, en transformant l’Aide médicale à mourir en un oxymore, pour lui faire désigner, non plus les soins palliatifs, mais une pratique euthanasique.
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