Individu et normes publiques : de l'individualisme à l'action collective

Emmanuel PICAVET
Dieu et César - n°120 Juillet - Aout 1995 - Page n° 86

Que signifie l'individualisme en politique ? Par « individualisme », l'auteur entend la thèse d'après laquelle les jugements, souhaits ou valeurs des personnes justifient l'existence des institutions et de la vie publiques, et en déterminent les frontières et les buts. C'est dans la contribution individuelle à l'action collective, autrement dit dans l'action de concert des personnes, que se révèle la perspective d'un fondement individualiste de l'ordre politique.

Le maître mot de la modernité politique est-il l'in-dividualisme ? Voilà ce que l'on entend dire de toute part. De même que l'« art moderne » a commencé d'exister lorsque la trace personnelle des gestes, des impres-sions et de l'humeur de l'artiste s'est faite plus visible, l'art du politique moderne ne parviendrait à maturité que lorsque l'individu est reconnu et écouté en tant que tel, et simultané-ment comme instance politique de jugement et de décision.

Que faut-il entendre par « individualisme » en politique ? En première approximation, la thèse selon laquelle les juge-ments, les souhaits ou les valeurs des personnes sont la rai-son d'être des institutions publiques et de la vie publique, auxquelles ils donnent des fins et des frontières. Une vision individualiste de l'ordre politique est celle qui tente de justi-fier ou critiquer certains aspects de la vie publique en invo-quant les jugements, les souhaits ou les valeurs des per-sonnes singulières. Mais plusieurs approches bien distinctes sont compatibles avec l'individualisme ainsi défini.

Que l'individu doive être respecté en tant que personne, peu le nieront, mais cela ne suffit jamais. Les droits de l'homme, au demeurant, sont souvent présentés comme un strict minimum, comme un simple dénominateur commun à tous les systèmes de droit ou de morale ayant quelque apparence d'honorabilité. La modernité demande que l'on aille plus loin : il faut demander à l'individu son consentement aux actes de gouvernement, et faire de ce consentement le vrai fondement de la chose publique, comme y disposent en particulier les « idées anglaises » tirées de Locke et de Sidney, et les doctrines du contrat social chez les philosophes et les juristes du continent. [...]

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