Pour une éthique de l'espérance

Ce texte reproduit une conférence prononcée le 25 septembre 1980 dans le cadre du premier Symposium International d'Éthique, à Rio de Janeiro.

 La première page, 73, est jointe.

L'ÉTHIQUE se situe au croisement de la théorie et de la pratique ; elle oscille toujours entre deux extrêmes contradictoires : la structure d'une pensée impassible, à distance de l'expérience vive, ou la destruction des présupposés théoriques dans la rencontre directe d'un réel qui se dérobe aux limites de la raison raisonnante. La philosophie souffre tout autant de ces vicissitudes. Nous la voyons se consacrer entière à la pénible occupation de se limiter elle-même, tirant des bords aux frontières de la méthodologie pure, en tenant cette opération pour la seule tâche digne d'être entreprise. Mais, d'autre part, l'immersion dans la pure subjectivité attire bien des esprits, qui distinguent mal la philosophie de la littérature, tant sont riches les imaginations que suscite cette façon de faire de la philosophie.

Depuis longtemps s'est déployée une confiance démesurée dans le pouvoir de la raison qui, à son tour, engendre une civilisation régie par des instruments hautement sophistiqués, dont l'ordinateur est l'expression par excellence, pour alimenter des décisions sur les personnes et les communautés. Dans un premier temps de son évolution, la spéculation a tenté d'esquisser une philosophie de l'être. Dans une phase suivante, l'itinéraire souligne l'importance de la connaissance, en sorte de tracer ce que nous poumons nommer une philosophie de la vérité. Aujourd'hui s'entrouvre peut-être une nouvelle dimension au défi de l'homme — son effort quotidien pour entrer dans la réalité authentique. Cet horizon, qui s'ouvre sous le regard perplexe de l'être humain prisonnier d'un tissu de contradictions, pointe. vers une philosophie de l'amour. C'est principalement en nos jours, où l'instance scientifico-technologique exerce tout pouvoir et domination, que l'on perçoit plus clairement les « illusions de la philosophie » (pour parodier J. Piaget) (1). Les perplexités des philosophes ne leur donnent pourtant pas le droit de dénaturer leur mission, mais, bien plutôt, les invitent à questionner à nouveau, à chaque fois, le sens de leur chemin. (p.73)

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 Tarcisio M.PADILHA