Un jugement qui libère
Le jugement dernier n'est pas à craindre, mais à espérer ; plus, il nous permet de tout espérer, en étant l'ultime et absolue libération qui fait de nous, éternellement, des vivants.
ETRE jugé par Dieu : perspective effrayante. Pas la moindre faute, pas même la moindre de nos pensées mauvaises n'échappera à la fulgurance du regard divin. Savoir qu'il ne nous laissera rien «passer» nous incite puissamment à ne pas pécher. Cependant, au fond, le jugement de Dieu ne constitue pas un facteur négatif dans l'existence humaine mais plutôt une consolation fondamentale, et par-dessus tout une libération : tout est en Dieu, il est la réalité même ; son jugement — salvifique — n'est donc que l'ultime libération de l'homme de ses chaînes, de ses propres errements et des jugements faux et dépourvus d'aménité de ses pairs. La foi chrétienne en ce jugement juste et aimant change le sens même de notre temps terrestre et donne à l'existence un centre et une cohérence dont elle eût manqué sinon. Réfléchissons quelques instants à ce que serait la situation de l'homme si ceux qui refusent la nature providentielle du divin avaient raison. L'opinion des autres constituerait alors la référence ultime pour déterminer la valeur de nos actes, la source absolue du sens de nos vies. C'est dans leur estime — ou leur manque d'estime — que, selon le cas, nous continuerions à vivre après notre mort ou disparaîtrions rapidement dans un total oubli. En fait, il n'y aurait d'autre vie pour les morts que le...