Ville et solitude apostolique – Présentation de Madeleine Delbrêl

Le P. Gilles François nous introduit à la spiritualité de Madeleine Delbrêl qui évoque la présence apostolique en ville dans un appel réalise et concret : il y a une façon d’être « de la rue », de garder le silence et l’obéissance dans le bruit de la foule, de se plier à « ce qui n’es pas malice » dans la grande ville, de mettre en place l’amour de Dieu.

Pour qui ne connaît pas Madeleine Delbrêl, la lecture de « Nous autres gens des rues » plonge, d’emblée, dans la totalité de sa dynamique apostolique. Rédigé en 1938 et publié en tant que témoignage, signé « M.D. », dans Études carmélitaines, ces quelques pages ne cessent, depuis, de se diffuser par de multiples canaux, en France, Allemagne, Italie et bien d’autres pays. C’est le premier en date des écrits missionnaires de Madeleine. Le voici en entier. Le cadre est urbain. Elle compare ceux qui « aiment la porte qui s’est refermée définitivement sur eux » et ceux qui « aiment leur porte qui s’ouvre sur la rue ». L’un, le contemplatif cloîtré, et l’autre, l’apôtre en pleine rue, vont vivre le silence, la solitude et l’obéissance.

La solitude : les vraies rencontres de la part de Dieu s’y préparent. Elle devient le levier principal de la mission. Madeleine développe cela dans toute son oeuvre écrite. Dans de nombreux villages, en 1938 ou 1957, tout le monde allait à la messe, ou presque. En ville, c’est l’inverse. Surtout, le rapport à la solitude s’intensifie : 

« Parce qu’il [le chrétien] est seul à croire, la solitude est entrée en lui, comme certains entrent dans la solitude ; elle y a creusé des zones désertiques dont il est sûr qu’elles ne le quitteront pas. Sa foi lui donne autant d’amour qu’il en faut pour rassasier une foule ; […]  il faut que l’amour revienne [à Dieu] de la part de tous et de chacun par le croyant¹. »

Madeleine précise que le chrétien « se sait voué au sort de ce qui n’est pas assimilé, de ce qui est refoulé, rejeté. Les amitiés pourtant restent intactes… » Dans son avant‑dernier chapitre ‑ « Hors la ville » ‑ elle présente des préparatifs : [...]
 

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1 Madeleine Delbrêl, Ville marxiste terre de mission, OC XI, éd. Nouvelle Cité, p. 185.