Élisabeth de la Trinité — « À la lumière de l’éternité »

Aldino CAZZAGO
Le temps d’en finir - n°249 Janvier - Février 2017 - Page n° 107

Le 16 octobre 2016, le pape François a proclamé sainte la bienheureuse Élisabeth Catez, moniale carmélite française morte à Dijon le 9 novembre 1906, à peine âgée de 26 ans, et connue sous le nom d’Élisabeth “de la Trinité”. Ses écrits et sa correspondance, où elle s’adresse à tous, montrent qu’elle a choisi de regarder la vie, du point de vue de Dieu, “à la lumière de l’éternité”.

 

Si Emmanuel Kant avait été sur la place Saint-Pierre le dimanche 16 octobre 2016, il n’aurait pas été très heureux. Car devant des milliers de personnes, le pape François a proclamé sainte la bienheureuse Élisabeth Catez, moniale carmélite française morte à Dijon le 9 novembre 1906, à peine âgée de 26 ans, et connue surtout sous le nom d’Élisabeth « de la Trinité ». Le philosophe de Königsberg aurait pu voir dans cette canonisation un modeste démenti, mais démenti lourd de sens, de sa célèbre déclaration sur l’inutilité pratique du dogme chrétien de la Trinité. Selon lui,

Du dogme de la trinité, pris à la lettre, on ne peut absolument rien faire pour le pratique, quand bien même on croirait la comprendre, mais encore moins si l’on s’aperçoit qu’il dépasse véritablement tous nos concepts.

Puis il poursuivait :

Si nous avons à honorer dans la divinité trois ou dix personnes, le novice l’admettra aussi facilement sur parole, parce qu’il n’a véritablement aucun concept d’un Dieu en plusieurs personnes (hypostases), mais encore plus parce que de cette diversité il ne peut tirer à vrai dire des règles de conduite différentes1.


Pour Élisabeth, le dogme de la Trinité sur lequel elle a construit sa vie ne fut pas l’une des nombreuses vérités abstraites apprises au catéchisme, et qui finissent par glisser aux marges de notre vie ; il fut, au contraire, le centre mystique, « l’océan » dans lequel elle s’immergea, et d’où elle tira la force et le soutien pour apporter son témoignage, témoignage limité dans le temps mais hautement persuasif, et, pour employer le terme de Kant, pour sa « conduite ». [...]

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1 E. Kant, Le conflit des facultés, in OEuvres philosophiques, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1986, tome 3, p.841.


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