Monothéisme et violence au regard de l’hindouisme et du bouddhisme

Jacques SCHEUER
Violence et religions - n°251 Mai - Aout 2017 - Page n° 91

L’Occident rêve parfois de trouver dans les cultures non monothéistes inspirées de l’hindouisme ou du bouddhisme une forme idéale de non-violence. Or, si elles s’exercent à la maitrise du corps et de l’esprit, ces religions n’échappent pas toujours aux confits et à la violence,  spécialement à notre époque. En retour, les tensions suscitées par l’implantation en Asie des religions monothéistes obligent à s’interroger lucidement sur les formes que peut prendre l’annonce de l’Évangile.

 

Les monothéismes ont mauvaise presse. On les accuse volontiers, ces derniers temps, de tous les maux : étroitesse, intolérance, orgueil, agressivité, violences multiples. Depuis l’aube du XVIe siècle, les missions chrétiennes, catholiques puis réformées, ont par vagues successives, déferlé sur tous les continents. Faut-il y voir le versant religieux de l’expansion marchande et coloniale de l’Europe ? Faut-il plutôt reconnaître l’impérialisme occidental comme le bras armé des prétentions et des ambitions du monothéisme chrétien ? Beaucoup, en Asie et en Afrique, mais également en Europe, estimèrent que ce sont là les deux faces indissociables d’un même phénomène : l’irrépressible dynamique de l’Occident chrétien ou – selon le point de vue que l’on privilégie – d’une chrétienté qui s’identifie et se limite à son unique modèle, sa concrétion européenne. 

Plus récemment, l’aboutissement du processus de décolonisation et d’émancipation des Tiers Mondes ainsi que la sécularisation galopante des sociétés occidentales ont mis une sourdine à ces critiques autrefois virulentes : on ne tire pas sur une ambulance. Depuis deux ou trois décennies cependant, une autre forme de monothéisme semble avoir pris le relais. En Europe certes, mais aussi dans plusieurs autres régions du monde, le spectre d’une irrésistible ascension de l’islam avive l’inquiétude et ranime le feu de la critique.

Derrière ces craintes et ces reproches se cache mal, en Occident surtout, une hostilité plus ou moins militante à l’endroit de toute religion. Mais, en cet âge de pluralité et de pluralisme, en cet âge de tolérance et de scepticisme quelque peu désabusé, c’est plus précisément le ’mono’ qui fait peur, même lorsqu’il laisse à beaucoup de ses critiques une impression de naïveté. On redécouvre alors les vertus des religions dites traditionnelles ou des grands courants de sagesse orientale. Les chamanes, les guérisseurs, les prêtres des rituels cosmiques proposent quelques clés du bien-être sans imposer pour autant leur Credo ou leur Loi. Les sages, les yogis, les méditants de l’Inde et de l’Extrême-Orient distillent un message d’intériorité et d’harmonie, un message libre d’ambitions sociopolitiques, une spiritualité toute en souplesse qui n’empiète guère sur le pré carré des autonomies individuelles. [...] 

 

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