Retenir la fin – Interprétation politique du katêchon à partir de la phénoménologie de la donation

Monsieur Paul COLRAT
Le temps d’en finir - n°249 Janvier - Février 2017 - Page n° 73

Katêchon, le « retenant », dont parle saint Paul dans la deuxième Épître aux Thessaloniciens, pose une question eschatologique et politique : quel type de communauté organiser après la Résurrection ? Le « jour du Seigneur » signifie-t-il la disparition immédiate des puissances terrestres ? On s’efforce, à partir des outils de la phénoménologie de la donation, de comprendre le délai que saint Paul rappelle aux Thessaloniciens entre la Résurrection du Seigneur et la destitution des pouvoirs.

 

Quoiqu’il occupe chez saint Paul une quantité de texte relativement réduite, le « retenant » a suscité un effort herméneutique intense depuis les Pères de l’Église1. Un tel concept se trouve, dès le texte de saint Paul, au croisement du domaine théologique, ou plus précisément eschatologique, et du domaine politique, ou historique. Le katêchon est introduit à la faveur du thème du « jour du Seigneur » dans la deuxième Épître aux Thessaloniciens. Or un terme comme le « Seigneur – kurios » contient une charge politique éminente. Le « jour du Seigneur », en tant qu’il désigne l’advenue ou la parousie du souverain ultime ou authentique, est ainsi simultanément théologique et politique ; il pose la question de savoir si la souveraineté divine est advenue au point de supprimer toute souveraineté terrestre. Est-ce que le Christ, « roi des Judéens », a définitivement renversé toutes les puissances terrestres ? Par là même, ce qui est en question c’est le rapport entre l’Église, communauté unie par la venue du Messie, et les pouvoirs politiques. Saint Paul dit clairement qu’il est question « de la présence-venue de notre Seigneur Jésus Christ, et de notre rassemblement auprès de lui » (2, 1). La question de la parousia est liée à celle de la communauté ; la parousia du Christ modèle un certain type de communauté, dont il faut comprendre le lien avec la communauté politique.

En apportant dans cette lettre une précision sur le dispositif eschatologique, saint Paul clarifie le lien entre la souveraineté divine et les souverainetés humaines. Contre un empressement à établir une identité trop rapide entre la parousia et la communauté messianique (« notre rassemblement auprès du Seigneur »), il s’agit de montrer en quel sens la résurrection du Christ désamorce les pouvoirs temporels. Saint Paul recommande ainsi de ne pas aller trop vite (mê takeôs, 2, 2) dans l’organisation d’une communauté à partir de la seule souveraineté de Dieu. Il y aurait en effet une « séduction », dit saint Paul, qui serait de croire que le Royaume de Dieu est pleinement accompli dès la Résurrection. [...]

 

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1. Voir bibliographie à la fin de l’article.


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