Méditation sur la perte d’autonomie et l’abandon

Mme Ysabel de ANDIA
Vieillir - n°264 Juillet - Aout 2019 - Page n° 101

Vieillir, c’est à la fois devenir de plus en plus dépendant et être seul dans sa souf­france. C’est une épreuve qui impose une lutte. Et ce peut être une grâce si, à la suite du Christ et avec l’aide de l’Esprit, ce n’est pas au néant que l’on s’abandonne, mais au Père des cieux, en se libérant du temps pour être accueilli dans l’éternité.

 

Le vieillissement s’accompagne souvent d’une perte d’autonomie et une maladie non immédiatement mortelle marque une étape qui peut être accueillie à la fois comme une épreuve et une grâce. Cette expérience – car il s’agit bien ici d’expérience plus que d’un discours théologique – se fonde dans la foi au Christ et ne peut être comprise en dehors de cette foi vive, mais le visage du Christ se tourne vers tous. 

La perte d’autonomie

Il y a un avant et un après la perte d’autonomie. Avant, l’homme est maître de soi comme de l’univers. Il est en « pleine possession » de ses moyens, après, il est dépossédé de lui-même ou plutôt, il est dépossédé de la possession de soi. Il ne peut plus faire ce qu’il faisait auparavant « tout seul » : manger, marcher. Il a « besoin » d’une aide pour tout faire et cette « nécessité » apparaît parfois comme une perte de la liberté, un esclavage. Il dépend des autres pour tout. Les autres sont ses jambes, ses mains, ses yeux. Il dépend du « bon vouloir » des autres qui peuvent être attentionnés ou non. S’ils ne font pas attention à lui, s’ils ne comprennent pas ce qu’il souffre, il se sent délaissé. Mais peut-on « comprendre » la souffrance sans la ressentir ? Oui, l’amour le peut et cela s’appelle la compassion : pleurer avec ceux qui pleurent, se réjouir avec ceux qui sont dans la joie…

Le monde se rétrécit à l’espace où ses pieds peuvent le porter, au temps improbable de son épreuve. Le passé emporte avec lui les grands espaces de la terre et de la mer, les voyages et les paysages. La « vue » se restreint à une chambre d’hôpital ou d’EHPAD avec une fenêtre qui ouvre sur le ciel au loin, au-dessus des toits de la ville. Le langage lui-même est affecté. La conversation se réduit aux questions-réponses des soignants ou des quelques visiteurs. Finis les débats intellectuels, les conférences ou les enseignements. Le champ de la parole est aussi limité. La parole balbutie, bégaie, se reprend… La mémoire aussi est atteinte… un brouillard s’étend sur le passé. 

Perte de la volonté ou de la liberté, perte de la mémoire, perte de l’intelligence qui ne « fonctionne » plus comme avant. Reste le regard, l’étreinte des mains qui expriment l’affection, la reconnaissance.[...] 

 

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