La liberté religieuse

Dom PHILIPPE DUPONT
La souffrance - n°80 Novembre - Décembre 1988 - Page n° 75

La liberté religieuse est la notion la plus controversée de l'après-Concile : innovation doctrinale, contradiction de la doctrine passée, voire reniement ? Dans cette question délicate, il faut distinguer les différents sens du mot «liberté» employé dans des contextes différents. Il n'y a pas de contradiction de l'église dans son enseignement du XIXe et du XXe siècle. Progressisme et intégrisme sont dépouillés d'arguments. Il apparaît alors que rien n'oppose la condamnation de l'indifférentisme théorique et la revendication politique de la liberté de culte.

Le droit à la liberté religieuse est une expression qui revient constamment dans les documents pontificaux récents. Souvent mal comprise, elle est contestée, lorsqu'elle n'est pas rejetée. L'Église, qui a su donner aux droits de l'homme leur véritable signification en les référant à Dieu, créateur et rédempteur de l'homme, et au Christ, dont l'humanité assumée par le Verbe de Dieu réalise la plénitude parfaite de la nature humaine et de sa dignité, n'a pas manqué de se pencher sur le difficile problème de la liberté religieuse.

Le Concile Vatican II a consacré un document à cette question de la liberté religieuse, la Déclaration Dignitatis humanae (DH); son élaboration fut longue et délicate. Son texte, approuvé et promulgué le 7 décembre 1965 par Paul VI, fait partie désormais du magistère de l'Église, et il doit, comme tel, recevoir l'assentiment religieux de l'intelligence et de la volonté de la part des fidèles, selon les termes de la Constitution Lumen gentium (no 25) repris par le Code de droit canonique (c. 752). Cependant il n'en reste pas moins discuté et controversé, comme si le Saint-Esprit n'avait pas assisté les membres du Concile Vatican II de la même manière qu'il avait assisté Grégoire XVI et Pie IX.

En effet, les uns refusent absolument la Déclaration Dignitatis humanae comme étant la négation pure et simple de la tradition de l'Église, et en particulier de l'encyclique Mirari vos (15 août 1832) de Grégoire XVI et du Syllabus (8 décembre 1864) de Pie IX. Les autres, au contraire, rejettent maintenant le Syllabus comme un écrit de circonstance actuellement dépassé et ils coupent ainsi la Déclaration conciliaire de ses racines. D'autres encore parlent d'opportunisme et n'hésitent pas à accuser l'Église de professer l'intolérance lorsqu'elle est majoritaire et de réclamer la liberté religieuse lorsqu'elle se trouve minoritaire. [...]

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