« Pour juger les vivants et les morts » : le thème du jugement dernier a marqué la tradition chrétienne. En réaction, le XXème siècle a proposé des théologies qui permettent "à tous d'aller au paradis". Entre jugement et salut, quelle place pour la miséricorde ?
La foi chrétienne implique l’espérance que le jugement ne sera pas un acte de destruction mais de manifestation de la vérité et de la justice. Car le juge ne sera nul autre que Jésus Christ lui-même, le Crucifié ressuscité, qui dans sa vie et sa mort est allé jusqu’au bout chercher ce qui était perdu afin de le sauver.
Éditorial : Jan-Heiner Tück : Juge et sauveur : une approche eschatologique
À la différence d’un juge humain qui tranche entre le bien et le mal et se veut impartial lorsqu’il édicte peines et récompenses, le Christ est le seul à pouvoir juger et sauver : parce qu’il connaît les abîmes du coeur humain et s’est engagé – jusqu’à la mort donnée par amour pour sa créature infidèle – à sauver ce qui était perdu. Seule une identification au Christ, rendue possible par son amour, peut permettre aux victimes de pardonner à leurs bourreaux.
Thème: Le Christ, juge et sauveur
Ernst Dassmann: L’universalité du salut, entre la rédemption générale et la prédestination, d’Origène à Augustin
Est-ce que tous seront sauvés ? Origène et Ambroise suggèrent que la toute puissance divine permet de l’espérer. Mais qu’en est-il de la liberté humaine ? Quel rapport entre la grâce et les oeuvres se demande Augustin ? En dehors de l’Église, point de salut ? Mais qui sait où passent les frontières de l’Église ? Depuis ses origines jusqu’à nos jours, l’Église ne cesse de scruter le mystère de la Rédemption. On montre ici comment la pensée chrétienne, spécialement d’Origène à Augustin, a tenté d’y répondre.
Kristell Trego : La liberté face à face. Le Cur Deus Homo de saint Anselme et la question de la substitution
Pourquoi Dieu a-t-il livré pour nous (pro nobis) son Fils ? Ne pouvait-il pas faire autrement ? Dans son traité Cur Deus homo, saint Anselme voit dans l’acte d’obéissance du Christ, non la renonciation à sa propre liberté, mais son accomplissement, ouvrant ainsi une voie nouvelle pour la liberté de l’homme. L’homme se présente en effet pour Dieu comme un interlocuteur, essentiellement libre, mais qui est à la recherche d’un visage pour guider ses pas.
Corinne Marion: Notre coeur aurait beau nous accuser... Réflexions à propos de La Chute de Camus
Il ne suffit pas de décréter que Dieu est mort pour évacuer la question du jugement. Nul mieux que Camus, dans La chute, qui brosse le tableau de notre époque, n’a montré combien le jugement de l’homme – à l’égard de soi ou à l’égard d’autrui – est impitoyable, irrémédiable. Pourtant la soif de salut demeure, d’autant plus vive.
Jean-Robert Armogathe: Les indulgences, don total de la miséricorde de Dieu
L’indulgence, sous la forme des «indulgences», a pour finalité de réaliser ce que recherche la pénitence du pécheur : la justification totale de l’homme, obtenue plus que par ses mérites et bien au-delà des exigences juridiques, par la grâce de Dieu et la surabondance de sa miséricorde que nous valent la passion et la mort du Christ, ainsi que les souffrances de ceux qui y participent par le don de leur vie.
Signets
Jean-Luc Marion: Le saint invisible
Nul ne peut attribuer la sainteté à quiconque : elle relève du troisième ordre selon Pascal et nous demeure donc invisible. Paradoxalement, c’est à partir de cette invisibilité que peut se poser la question de la sainteté du saint.
Vincent Carraud: Apparuit caritas. L’image de Dieu : banalité et originalité d’une encyclique
La banalité apparente de la première encyclique de Benoît XVI, Dieu est amour, introduit à une thèse forte : l’unicité de l’amour, qui définit « l’image chrétienne de Dieu ». En nous demandant ce que signifie ici « image », nous essayons de caractériser brièvement la démarche de Benoît XVI et relevons quelques-unes de ses audaces.
Karl-Heinz Menke : Les racines traditionalistes de la Fraternité saint Pie X
Sur quelles pensées s’appuie Monseigneur Lefebvre pour développer les bases théoriques de la fondation de la Fraternité saint Pie X ? Celles-ci trouvent fondamentalement leur origine dans les oeuvres – pourtant jamais évoquées – de Joseph de Maistre et de Louis de Bonald.
Juge et sauveur: une approche eschatologique
Jan-Heiner Tück
«Temps Modernes. Ils admettent le péché et refusent la grâce. » Albert Camus, Carnets III, mars 1951-décembre 1959, Gallimard, 1989, p. 62.
«Gasky, dit-elle, je ne vois pas clair en moi et je suis lasse. (...) Dites-moi avec vos propres paroles (...) ce que je dois faire. – Ce que je dois être, répondit le juge, rectifiant. – Ce que je dois être, répéta-t-elle. Dites-le moi avec vos mots à vous. » Charles Morgan, Le juge Gaskony (1948).
À la différence d’un juge humain qui tranche entre le bien et le mal et se veut impartial lorsqu’il édicte peines et récompenses, le Christ est le seul à pouvoir juger et sauver : parce qu’il connaît les abîmes du coeur humain et s’est engagé – jusqu’à la mort donnée par amour pour sa créature infidèle – à sauver ce qui était perdu. Seule une identification au Christ, rendue possible par son amour, peut permettre aux victimes de pardonner à leurs bourreaux.
Du caractère provisoire et nécessaire d’un discours théologique sur le jugement
Ce n’est qu’avec les plus grandes précautions que l’on peut parler du jugement en théologie. On ne peut prétendre s’abstraire de l’histoire et faire comme si on pouvait survoler et juger avec le regard de Dieu tout le tissu inextricable de l’histoire de la liberté, de la douleur et de la culpabilité humaine. On ne peut préjuger le jugement que la foi attend, de sorte qu’on peut se demander s’il est possible de parler du jugement tant qu’on ne l’a pas encore subi. Comment pourrait-on, vivant dans l’histoire et sous les conditions de l’histoire, parler de la fin et de l’accomplissement de l’histoire sans encourir le reproche de vouloir anticiper indûment le Jugement dernier ?
La réflexion sur l’eschatologie est sans doute inévitablement provisoire et approximative. Là où la foi en un Dieu qui juge et comble le monde en plénitude s’estompe, d’autres autorités apparaissent qui se chargent volontiers de ce rôle. Grande est la tentation pour l’homme d’occuper arbitrairement la place de la dernière instance, surtout en ce temps « d’après la mort de Dieu ». D’autant plus importante est la critique théologique qui puise sa force justement de ce qu’elle connaît le caractère provisoire de la pensée et de l’agir humains au regard de la fin et de l’accomplissement.
La réflexion théologique sur l’eschatologie est indispensable aussi parce qu’il faut faire valoir d’une manière offensive ce que la foi [...]
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Jean-Luc Marion: Le saint invisible
Nul ne peut attribuer la sainteté à quiconque : elle relève du troisième ordre selon Pascal et nous demeure donc invisible. Paradoxalement, c’est à partir de cette invisibilité que peut se poser la question de la sainteté du saint.
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La banalité apparente de la première encyclique de Benoît XVI, Dieu est amour, introduit à une thèse forte : l’unicité de l’amour, qui définit « l’image chrétienne de Dieu ». En nous demandant ce que signifie ici « image », nous essayons de caractériser brièvement la démarche de Benoît XVI et relevons quelques-unes de ses audaces.
Karl-Heinz Menke : Les racines traditionalistes de la Fraternité saint Pie X
Sur quelles pensées s’appuie Monseigneur Lefebvre pour développer les bases théoriques de la fondation de la Fraternité saint Pie X ? Celles-ci trouvent fondamentalement leur origine dans les oeuvres – pourtant jamais évoquées – de Joseph de Maistre et de Louis de Bonald.
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