Nathalie NABERT
Le Christ et les religions
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n°193
Septembre - Décembre
2007 - Page n° 145
Le film « Le grand silence » du réalisateur allemand Philippe Gröning a été accueilli par la presse comme un événement cinématographique exceptionnel, par son sujet, ses images et sa bande son qui recueille le silence de la vie contemplative. On le qualifie volontiers de « méditation poétique », de « pèlerinage intérieur » et de « document unique » sur la vie des chartreux.
Seize ans plus tôt, Philippe Gröning, qui avait un projet de film sur la dilatation du temps, avait pris contact avec le Révérend Père général de l’Ordre des chartreux pour filmer les moines de la Grande Chartreuse, lieu de fondation de l’Ordre par saint Bruno en 1084, où la communauté vit de manière inchangée depuis 900 ans. Le Révérend père avait alors refusé, pensant qu’il n’était pas temps. Ce temps étant venu, Philip Gröning a été accueilli par les moines pour filmer leur vie au quotidien, pendant six mois, dans les conditions de silence, de pauvreté et d’ascèse concernant la nourriture et le sommeil, qui sont les leurs.
La petite communauté est constituée, en effet, de treize pères menant une existence strictement contemplative, et de seize frères partageant leur temps entre les tâches matérielles au service de la communauté, la prière et le silence. Cette famille monastique est à la fois érémitique, chaque moine vit seul, pauvrement et silencieusement dans son ermitage constitué de quatre pièces et d’un jardinet, et cénobitique, car chacun est soudé à la communauté puisque celle-ci se réunit à l’Église trois fois par jour pour la messe du matin, les (p.145) vêpres et l’office de nuit qui est unique dans le monachisme car il dure de 23h30 à 3h30 du matin. Elle se réunit aussi pour le déjeuner en commun, le dimanche et les jours de fête liturgique, suivi de la récréation, et pour la grande promenade hebdomadaire qui rassemble tout le monde à l’extérieur du monastère, dans un esprit fraternel et joyeux où il est permis de parler, de rire et de plaisanter simplement.
La patience du réalisateur et son expérience du silence, du dépouillement, de la prière et de la gratuité du don de soi rejaillissent sur la texture du film qui entre précisément dans la dilatation du temps intérieur. Celui-ci devient palpable dans le regard attentif de Philip Gröning posé sur la vie, les saisons, l’eau qui gèle et dégèle, les fleurs naissantes et passagères, les bêtes indisciplinée qui entrent dans l’enceinte du monastère sans y être invitées, le pain, les légumes et les fruits quotidiens, et les hommes aux mains calleuses et à l’âme simplifiée en Dieu. [...]
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