Jean CHÉLINI
L'Eglise : une histoire
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n°26
Novembre - Décembre
1979 - Page n° 81
La politique du pape ressort de ses récents discours polonais : défendre les droits de Dieu pour pouvoir défendre ceux de l'homme qui n'est rien sans Lui.
La première page, 81, est jointe.
SUR la dimension humaine du voyage de Jean-Paul II, tout a été dit. Sur son extraordinaire succès populaire, les observateurs non prévenus s'accordent. Mais pour mesurer la portée plus générale des déclarations pontificales, il faut conserver ce contexte présent à l'esprit. Elles n'ont pas été délivrées à Rome, sous la forme plus courante d'une allocution ou d'une encyclique, mais proclamées en Pologne par la bouche du pape lui-même, derrière le rideau de fer, devant des millions de ses compatriotes, citoyens d'un régime communiste. Dès lors les propos de Jean-Paul II prennent un tout autre relief. Le cadre où ils ont été prononcés renforce singulièrement leur signification.
Des interprétations restrictives
Tout le monde n'accorde pas aux déclarations de Jean-Paul II la même importance. L'interprétation minimaliste en est donnée par les autorités polonaises. Même si, à la limite, elle apparaît dérisoire, le gouvernement s'y tient. Il lui est difficile d'en changer. Acculé à choisir entre refuser la visite du pape et affronter les sévérités de l'opinion internationale et les remous de l'opinion polonaise, et le péril de renforcer la force et le prestige de l'Eglise polonaise en l'acceptant, il a préféré prendre ce risque. Dans l'estimation des dangers encourus, le gouvernement Gierek s'est certainement trompé. Il commence à le mesurer à peine aujourd'hui. Il ne va pas cesser de déchanter dans les mois qui viennent. Cette mauvaise appréciation durable des conséquences politiques du voyage de Jean-Paul II provient en partie de la difficulté qu'ont les marxistes à analyser les réalités spirituelles et leur influence sur le réel. Les responsables polonais, nationalistes avant d'être marxistes, acceptent peut-être de voir leur position personnelle affaiblie, pourvu que celle de leur pays soit renforcée face à l'Union Soviétique. Hypothèse à ne pas écarter totalement dans le contexte de rivalités nationales larvées du camp socialiste. Sous-estimation ou risque calculé, les dirigeants du parti et de l'administration, les autorités de l'Etat, comme les a toujours désignées Jean-Paul Il, ont choisi de considérer le voyage du pape comme un événement religieux, un pélerinage national du premier pape polonais, satisfaisant pour l'amour-propre polonais à cet égard, mais sans conséquences pratiques directes.
Cette attitude a été décidée à l'avance et elle n'a pas sensiblement varié dès le moment où Jean-Paul II a posé le pied sur le terrain d'aviation d'Okecie. Résolument cordiaux, le président Henrik Jablonsky, comme le premier secrétaire Edward Gierek, ont voulu ignorer toutes (p.81) du monde, et le dernier, l'établissement d'un modus vivendi politico-religieux, sont à long ternie, et il est encore difficile d'évaluer dans ces domaines les résultats de la visite du pape.
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