Franco MOLINARI
L'Eglise : une histoire
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n°26
Novembre - Décembre
1979 - Page n° 62
La personnalité et l'action de Paul VI n'ont pas toujours été bien comprises, parce que la tension qu'il a incarnée entre le prophétisme et l'obéissance n'ont pas été perçues. Les années de formation de J.-B. Montini permettent de mieux la comprendre.
La première page est jointe.
QUAND un pape est mort, se déchaîne la rhétorique des louanges, qui aboutit finalement à un embaumement hagiographique : cela n'a aucune utilité historique. C'est pourtant ce qui est arrivé aussi à Paul VI. Il y a une autre déviation, plus facile et fréquente. C'est celle qui consiste à isoler un aspect du pontificat, et à prétendre en faire la clef pour interpréter toute la personnalité du pontife. Mais le tout ne s'identifie jamais avec la partie, et d'autant moins quand on fait abstraction du devenir, dimension essentielle de l'histoire.
Par réaction contre ces tendances, Antonio Fappani et moi-même avons préparé un volume sur Le jeune Montini, qui retrace son évolution spirituelle de sa naissance à la fin de 1944, et qui se fonde sur de nombreux témoignages personnels et sur sa correspondance privée avec ses amis et ses parents (1).
Dans la droite ligne de ce livre, je chercherai ici à montrer la position du futur Paul VI entre l'institution et la prophétie, en utilisant certaines de ses lettres. Je m'arrêterai particulièrement sur sa critique de la notion de diplomatie, et sur sa conception de l'Eglise.
L'humour d'un pape sérieux
Il est bien connu — du moins le répète-t-on partout — que Paul VI n'était pas un pape au rire facile. Ses amis en souffraient et y voyaient le motif de sa popularité médiocre. L'auteur de ces lignes lui a adressé une lettre ouverte sous le titre « Votre sainteté, un sourire, s'il vous plaît N, parue dans un hebdomadaire (p.62)
(I) A. Fappani et F. Molinari, II Giovane Montini, sous presse chez Marietti, à Turin. Les lettres de Jean-Baptiste Montini à ses proches ont été léguées par sa famille à l'Institut Paul-VI de Brescia.
catholique et reprise depuis dans un volume qui a connu quelque retentissement (2). En fait, j'étais moi aussi victime d'une méprise. Je n'avais pas réussi à m'expliquer comment un homme d'une telle foi, qui avait le 29 juin 1968, proclamé le Credo du peuple de Dieu, pouvait avoir tant de mal à sourire. Le psaume 2 ne dit-il pas que, devant les nations en tumulte, Dieu rit : « Celui qui siège dans les cieux s'en amuse ; Yahvé les tourne en dérision ». Dieu rit, parce qu'il est le plus fort. La foi nous rend fort et nous rend capables de sourire.
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